mardi 27 avril 2010

âge et bonheur



La vieillesse, une malédiction? C'est faux ! C'est une bénédiction... Comme tout ce que la vie fait ! Pourquoi? Parce que le bonheur ne dépend en aucune façon de l'âge, mais de notre capacité à demeurer dans la joie à chaque instant, autrement dit de notre sagesse, comme en témoigne l'exemple magnifique de Jeanne Calment, "doyenne de l'humanité" décédée à l'âge de 122 ans... "Mon secret? Je n'ai jamais travaillé ! (...) J'ai pu cultiver tous les plaisirs. J'ai agi de manière claire et morale, sans aucun regrets. Je suis très heureuse.»
C'est ce que j'ai rappelé hier lors de ma conférence lors de la journée sénior et avenir organisée au Musée d'Art Moderne par Jean Michel Galy, président de l'université inter âge, en présence de Daniel Benchimol, doyen de la faculté de médecine et adjoint à la santé de la mairie de Nice. Voici le résumé de mon intervention :

"Est-il plus facile d'être heureux quand on est jeune que quand on est âgé? C'est ce qu'on croit généralement... C'est un des préjugés les plus répandus dans nos sociétés dites évoluées que la jeunesse est un bien et la vieillesse un mal... Ce préjugé commun est d’ailleurs repris par nombre de "grands esprits" tels Léopardi ( "La vieillesse est le pire des maux, car elle prive l'homme de tous les plaisirs en lui en laissant l'appétit"), Terence, ("La vieillesse est par elle-même une maladie") ou encore Cioran ("La vieillesse, en définitive, n'est que la punition d'avoir vécu"). Nous pourrions ainsi nous écrier avec Ronsard qu’il faut nous dépêcher de cueillir les roses de la vie en notre jeunesse, comme si elles ne pouvaient que se faner avec l'âge… Et voir définitivement le temps comme un bourreau : "toutes les heures nous blessent, la dernière nous tue."

Contre cette conception noire et pessimiste, je voudrais faire ici entendre la voix solaire de la philosophie : La vieillesse offre bien des inconvénients, mais elle est en réalité le meilleur des biens, car elle ne prive l’homme d’aucun plaisir et lui apporte la condition essentielle du bonheur, qui est la sagesse. Loin d'être une punition, elle est une récompense, du moins pour ce qui savent bien vieillir, et cela quelle que soit la manière dont ils ont vécu leur jeunesse…

Les chances de vivre dans le bonheur ne diminuent pas avec l’arrivée de la vieillesse pour deux raisons essentielles. La première, c’est qu’il n’existe en réalité aucune relation entre le bonheur et l’âge ! La deuxième, c’est que l’âge est plutôt un avantage qu’un inconvénient.
Commençons par le premier argument.
Si on comprend bien ce qu’est le bonheur, si on saisit l’essence même du bonheur, on peut immédiatement voir que le vieillesse n’empêche pas le bonheur, car la seule condition pour être heureux est de ressentir de la joie, ou du moins de ressentir une joie suffisamment grande pour nous sentir comblé, pour nous sentir satisfait par la vie, pour nous sentir envahi par une sensation de plénitude, d'harmonie et de contentement de l'esprit. Est-ce que l’accès à la joie et à la plénitude dépendent de notre âge ? Non. La joie est ouverte à tous, à tout moment, quel que soit notre âge. L’enfant, l’adolescent, l’adulte ou le vieillard sont exactement sur un même pied d’égalité en ce qui concerne la question essentielle de la vie humaine, la question du bonheur. Pourquoi donc ? Et bien c’est très facile à comprendre, si on remarque que la joie est d’essence spirituelle. Je veux dire que ce n’est pas une sensation corporelle liée à l'espace et au temps, et qu’elle ne dépend donc pas de la vie du corps, ni de ce qui arrive dans le monde extérieur. Les sensations corporelles agréables qu’on peut regrouper sous le concept de plaisir dépendent du corps et de ses expériences mondaines. Ainsi le plaisir de manger une fraise, de faire une promenade, d’écouter une jolie musique, de voir un beau paysage dépendent de l’espace et du temps. Elles dépendent du corps et des circonstances. Elles vont donc varier en fonction de son âge… Au contraire, la joie n’est pas liée à une expérience physique et sensorielle. C’est un sentiment qui naît dans notre conscience sans rapport avec la vie du corps, ni avec ce qui se passe à l’extérieur du corps, ni d'ailleurs de ce qui se passe dans le monde. Elle ne dépend donc pas du temps ni de l’espace. Si je deviens aveugle, je ne pourrais plus avoir le plaisir de voir un beau paysage, si je deviens sourd, je ne pourrais plus avoir le plaisir d’écouter une belle musique, si je n’ai plus de jambe, je ne pourrais plus sentir le plaisir de faire une promenade, en revanche cela ne changera rien à ma capacité de joie. C’est que la joie est un acte spirituel donc la cause est intérieure et qui est sans rapport avec le temps et avec l’espace, sans rapport donc avec l’âge. Elle toujours possible dans le présent, par un acte libre qui ne dépend que de l’activité de notre esprit. Et quelle est la source de la joie ? Quel est le secret du bonheur ? Voici la question la plus importante de toute la philosophie, la question la plus essentielle de toute l’humanité. Et nous pouvons tous voir que la réponse est évidente, et qu’elle ne dépend en aucune façon de l’âge, en aucune façon du temps. La source de la joie, le secret du bonheur, tient en un mot : la conscience, ou ce qui revient au même, le présent. Etre heureux, c’est se réjouir de ce qui existe dans le présent. C’est être totalement conscient de la présence à ce qui est, tel que c’est, sans chercher à comparer avec ce qui a été, ce qui sera ou ce qui pourrait être. C’est être pleinement présent à toutes les joies présentes, et elles sont innombrables, toujours possibles à savourer à tout âge, quelles que soient les circonstances. Je veux parler de la joie de vivre, la joie de connaître, la joie de comprendre, la joie de créer, la joie de contempler la beauté, la joie d’aimer les autres, et bien sûr aussi la joie de sentir tous les plaisirs du corps et les perceptions des autres corps lorsqu’ils sont présents. Car le plaisir ne s'oppose pas à la joie ! Il est fait de la même substance... C’est là, maintenant, pour vous, la joie d’être là, la joie d’être vous-même, la joie d'être au monde, la joie de vous sentir libre, la joie d’être ensemble, la joie de percevoir la beauté de ce lieu, la joie de voir la beauté du sourire de chacun, la joie de m’écouter parler, la joie de comprendre que vous n’avez jamais été aussi proche du bonheur que maintenant, et que cela durera toute votre vie, quel que soit votre âge, si vous restez libre du temps et que vous viviez pleinement dans la perception de moment présent. Le bonheur est donc accessible à tous d’une manière qui ne dépend pas des vicissitudes de l’âge et qui ne dépend que de notre capacité à être totalement présent. Il ne dépend que de l’activité de la conscience et de la liberté de l’esprit de sa principale source d’esclavage, qui est de penser aux deux temps qui n’existent pas, le passé et le futur. Par conséquent, que nous ayons 5 ans, 30 ans, 50 ans, 70 ou 100 ans, notre conscience a en réalité toujours le même âge, c’est-à-dire qu’elle ne vieillit pas : notre conscience à l'âge du présent. Du point de vue spirituel, du point de vue de notre conscience, nous sommes ainsi éternellement jeunes, et même éternellement enfants : nous avons toujours le même âge que lorsque nous avons commencé à être conscients. Autrement dit nos chances d’être heureux sont absolument égales quel que soit l’âge de notre corps… N’est-ce pas merveilleux ? N’est-ce pas une bonne nouvelle ? Encore faut-il que notre conscience soit heureuse, évidemment, c’est-à-dire que la vie que nous vivons dans le présent puisse nous remplir de joie… Et c'est pourquoi nous avons besoin d'une philosophie, d'une éthique, d'une culture, d'une politique... Pour créer les conditions de notre joie. Que se passe-t-il, d'ailleurs, quand nous sommes dans la joie ? Nous nous sentons jeunes ! « le bonheur supprime la vieillesse » comme le dit Kafka… Alors que la tristesse nous fait nous sentir vieux… Le seul moyen de lutter contre la vieillesse, c’est donc de cultiver la joie… C'est de pratiquer l'art suprême de la vie : l’art d’être heureux… Le problème est ici exactement le même pour un jeune que pour un sénior, si ce n'est que le sénior a l'avantage de l'expérience et de la culture : le bonheur n’est en réalité ni plus ni moins difficile à 20 ans qu’à 100 ans. Dans les deux cas nous sommes heureux que lorsque nous sommes satisfaits de ce que nous vivons, que nous créons une vie belle, riche, profonde, pleine de sens et d'amour. Pour une personne âgée, comme pour une personne jeune, la condition essentielle pour être heureuse est en fait la liberté intérieure face aux illusions, face aux passions, face aux croyances... Vous avez reconnu ici la définition même de la philosophie. La plus forte croyance à éliminer est sans doute, surtout dans notre civilisation matérialiste, l’identification à notre corps, à ses prolongements tels l’image que nous donnons de nous, ainsi qu'à nos possessions matérielles… Cette identification n’est qu’une pensée, et au surplus une pensée fausse… Car la tristesse d’être âgé vient seulement de ce que nous pensons être notre corps, que nous nous identifions avec la pensée « je suis mon corps » et que nous comparons notre état actuel avec notre état passé, ou bien avec un autre corps plus jeune, plus beau ou plus fort, ce qui est une autre pensée. La première clé de sagesse est donc de comprendre que nous pouvons à tout moment être heureux, quel que soit notre âge, quel que soit l’état de notre corps, à la condition de créer une vie qui nous remplisse de joie dans l’instant présent, sans penser au futur ou au passé, sans le regret du passé ou la peur de l’avenir. Bref, la condition essentielle du bonheur, c’est la sagesse…

Ce point essentiel étant posé, nous pouvons à présent nous détendre, éliminer tout le stress éventuellement lié à la tristesse ou à la peur de vieillir, stress qui, rappelons-le, constitue notre principale source de douleur, de maladie et de mauvaise humeur, et nous pouvons reprendre notre méditation philosophique pour l’approfondir. Que pouvons-nous faire pour être heureux, quand nous avançons en âge et que nos possibilités corporelles diminuent ?

S’ouvre à nous ici le champ de la réflexion philosophique de l’éthique, qui n’est autre que l’art du bonheur par la culture de la sagesse, c’est-à-dire l’ensemble des vertus. Plus je vivrais avec sagesse, plus je serais bon et vertueux, c’est-à-dire juste, prudent, tempérant, courageux, généreux, doux, tolérant, plein d’humilité, d’humour et d’amour, et plus je sentirais de la joie d’être qui je suis et plus je serais heureux quel que soit mon âge.

L'âge n'influe-il donc en rien sur notre capacité de bonheur? Ce serait être aveugle que de le croire : le corps n'est pas source de joie, mais il peut être source de plaisir ou de douleur en fonction de notre état de santé. Quels sont les avantages et les inconvénients de la vieillesse par rapport à l’accès au bonheur? Les inconvénients, nous les connaissons tous et je ne vais pas les décrire. Le principal est celui de la maladie, état anormal, il faut le rappeler, et dont la probabilité augmente avec le vieillissement des tissus et des organes. Un corps qui vieillit se fatigue plus vite, est plus vulnérable aux maladies, a des sens moins performants, sa vigueur et son adaptabilité diminuent, ses performances physiques et intellectuelles déclinent, il perd son autonomie et c'est pourquoi il est souvent rejeté, isolé, voire exclu dans nos sociétés jeunistes et égoïstes… Tout cela existe et permet de comprendre pourquoi la dépression affecte souvent les personnes âgées et pourquoi la vieillesse est souvent associée, comme la mort d’ailleurs, à une malédiction… Contre cette vue pessimiste je voudrais encore énoncer deux thèses audacieuses mais que je crois néanmoins vraies. La première, c’est qu’il est possible d’être vieux et en bonne santé si on respecte pendant la durée de la vie tous les besoins réels du corps. La vieillesse n’est pas synonyme de maladie, de souffrance et de douleur. Une bonne alimentation, une activité physique adaptée, mais aussi et surtout des relations saines, une bonne intégration sociale, des activités utiles et sources de sens, une vie culturelle et spirituelle riche, et surtout de l'amour, sous toutes ses formes, et surtout l'amitié, voilà les vrais fondements de la santé. La vie peut alors s’accompagner non seulement de joie mais aussi de plaisir, de volupté et de bien être jusqu’à un âge très avancé, comme le montre les études faites sur les centenaires qui expriment, quand ils ont de bonnes conditions de vie, combien ils sont plus sereins, plus capables d’apprécier la vie, plus libres de voir la beauté de la vie. La jeunesse est peut-être la plus belle des fleurs, mais la vieillesse est sans doute le plus savoureux des fruits. Ceci dit nous devons admettre que la vieillesse est au-delà d’un certain âge comme la petite enfance l’âge de la vulnérabilité, de la fragilité, de la perte d’autonomie, et qu’il est donc du ressort de la politique d’aider les personnes plus faibles que sont les tous petits enfants et les personnes en fin de vie, à jouir de conditions de vie favorables à leur bonheur.

Ceci étant dit, j’ai une thèse plus audacieuse à vous proposer encore. C’est que le vieillissement et, tout comme la mort d’ailleurs, est en réalité une bénédiction… Il est bon de vieillir, la vieillesse est un bien !

Bien que l’âge n’aie, comme je l’ai montré, aucun rapport direct avec le bonheur, Il existe au moins un immense avantage à être âgé, c’est que notre esprit devient avec l’âge de moins en moins dépendant de la mémoire et qu’il est de plus en plus capable d’utiliser la partie éternellement jeune de son esprit, celle qui est en lien avec l’éternité, avec le présent infini de l’éternité. Je veux parler de la raison, prise dans son sens le plus profond, non pas la capacité à faire des raisonnements avec le langage, mais la capacité à intuitionner le réel hors du langage. L’avantage de la vieillesse, c’est qu’on perd la mémoire ! Disons plutôt qu’on a moins besoin, (car la mémoire cognitive est bien sûr un bien qu'il vaut mieux ne pas trop perdre) et qu'on peut dans l'âge mûr se consacrer davantage à l’usage de l’intuition, de la capacité de connaissance directe de la réalité, faculté maîtresse de l'art, de la philosophie et de la spiritualité.

La vieillesse est, en conclusion, comme l’enfance, l’âge d’or, parce que c’est l’âge de l'esprit éveillé, l'âge de l’innocence retrouvée, l’âge "de la vie purifiée des illusions et des passions", comme dit Stendhal. Toutes les joies de la vie spirituelle sont alors à tout moment accessibles, en particulier quatre grandes sources de joies.

D'abord, les joies de la philosophie, les joies intellectuelles et cognitives de comprendre, se comprendre et comprendre le monde. Le sénior a plus de temps libre et de disponibilité intérieure pour se consacrer à la vie de l’âme, la philosophie et la spiritualité. Grâce à la pratique de la philosophie, les passions sont moins intenses, parce que les illusions sont moins fortes, alors que les désirs peuvent être toujours aussi intenses et enthousiasmants. D'autre part l’expérience permet d’éliminer les erreurs du passé, de se libérer des identifications et des croyances matérialistes ou idéalistes : on se libère des idéaux, on se libère des ambitions, du narcissisme… Les affects peuvent donc être plus facilement raisonnables et l’intelligence devient plus affective, plus sensible aux vraies valeurs de la vie.

La personne âge peut alors accéder aux joies de la sagesse, les joies spirituelles et transcendantes qui dépassent la pensée et sont pure conscience d'être et d'apprécier la vie telle qu'elle est, sans avoir besoin de la comprendre.
"La jeunesse est le temps d'étudier la sagesse, la vieillesse est le temps de la pratiquer" remarquait Rousseau. Et Joubert ajoutait "La vieillesse n'ôte à l'homme d'esprit que des qualités inutiles à la sagesse."
Bref, vieillir n’est pas diminuer, mais grandir. C'est avoir, par la bénédiction de l'âge, plus d'espace de vie pour exprimer sa grandeur d’âme, sa magnanimité.

Mais ce n'est pas tout ! Le sénior peut savourer toutes les joies de la culture, les joies esthétiques et poétiques des jeux, de la pratique des arts, des sciences, des techniques, de la politique, avec certes moins de rapidité, mais peut être plus de saveur...

Enfin la vieillesse est l'âge d'or pour savourer les joies de l’amour, les joies affectives, amicales et amoureuses qui enrichissent plus que toutes autres la vie humaine. Et même les joies de la sensualité et de la sexualité ! Quelle merveille que de tomber amoureux à plus de 80 ans ! C'est Anaïs Nin qui l'a sans doute le mieux exprimé : "Le seul alchimiste capable de tout changer en or est l'amour. L'unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière, c'est l'amour."


Ce n’est donc pas un hasard si une étude l’Insee a montré que les français sont beaucoup plus heureux entre 60 et 65 ans qu’à tout autre période de la vie… Ajoutons à présent qu'avec une bonne qualité de vie et un peu de philosophie, ce bonheur peut durer et même s'intensifier jusqu'au double ! Le jour de son 121e anniversaire, un journaliste a posé la question à Jeanne Calment : « Je voudrais bien savoir si vous avez très envie de continuer à vivre ? ». La doyenne lui a répondu : « Oui, encore un peu ». C'est qu'elle avait conscience qu'elle pouvait encore savourer son bonheur, et peut être même l'augmenter... car la grâce de la béatitude et l'extase de vivre peuvent jaillir à tout instant : cela ne demande que l'abandon de la conscience à la grâce d'être conscience.

Le sénior a donc finalement beaucoup plus de chance de vivre dans le bonheur parce qu'il a plus le temps de se consacrer à la sagesse, c'est-à-dire la vertu, « la force d’âme », comme dit Spinoza, que je préfère appeler la « bonté d’âme ». Le bonheur, c’est surtout éprouver la joie d'être bon. La bonté est la source essentielle du bonheur, parce qu'elle implique la capacité de sentir combien la vie est bonne, parce qu'elle est par elle-même la source de toute joie…

Je peux donc pour finir vous chanter avec ce prince de la vieillesse que fut Brassens : « moi qui navigue entre deux âges, je vous adresse ce message : l’âge ne fait rien à l’affaire, quand on est bon, on est bon ! Qu’on ait 20 ans, qu’on soit grand père, quand on est bon, on est bon ! Entre vous plus de controverses, bons caduques ou bons débutants... Petits bons de la dernière averse, vieux bons des neiges d’antan... Heureux de la dernière averse, heureux des neiges d’antan ! "

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite un vieillissement bienheureux !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

très bonne analyse !