vendredi 27 novembre 2015

La joie de vivre sans peur


Comment être libre de toute terrorisation? 

En se libérant de la crainte.

Comment se libérer de la crainte ? 

En se reliant à la Terre. 

Comment se relier à la Terre ? 

En abandonnant tout attachement à la forme.

Comment abandonner tout attachement à la forme? 

En activant la joie d'être une conscience sans forme : une matrice.

Seule la joie d'être un espace matriciel "sans forme" libre de tout attachement à une forme permet de sentir la paix stable et toujours présente de l'Etre dans sa créativité infinie.

Cette force matricielle sans forme porte un nom : la vie ! 

Et cette paix est la caractéristique de notre planète la Terre : la matière, la matrice, la mater, la mère. 

Et notre appartenance à la terre porte un nom : l'incarnation. La bénédiction de "la chute" de l'âme dans un corps : je suis vivant ! Je suis sensible. Je suis un devenir au sein de l'être.

Le moyen de faire l'expérience de cette paix est la vivance : l'abandon à se sentir être la vie, à travers toutes les formes de l'expérience vivancielle d'être un corps, mais sans fixation de l'attention sur les formes particulières de cette expérience : une pure subjectivité sans objectivité. Une non-dualité. 

Cette expérience vivancielle d'être intensément la vie comme pure subjectivité dans l'intériorité sans extériorité porte un nom : l'intase. 

Et l'intase est accessible par une voie : le lâcher prise. L'abandon à la Terre. Le laisser être la vie dans toutes ses sensations internes. Ce que j'appelle l'énergie de l'eau. Par exemple se laisser respirer, se laisser danser, se laisser vivre, se laisser jouir. Au bout de quelques minutes seulement d'expérience de lâcher prise, l'intase naît, pure présence à soi de soi sans distinction entre un sujet intérieur et des objets extérieurs. C'est ce que j'appelle l'énergie de la terre : la densité, la stabilité, la permanence, l'êtreté vécue comme jouissance de soi par soi. Au sein de tout ce qui change, le devenir, la conscience-énergie demeure, inaltérable, le soi, le "je suis". Et là c'est l'expérience de la paix fondamentale. Je n'ai besoin de rien de particulier pour être rempli d'être : je suis la vie qui s'étreint elle-même, dans la simple expérience de la respiration : inspir, expir, vie, mort, se remplir, se vider. 

La Terre est en elle-même une éternelle source de confiance et de sérénité parce qu'elle est dans son essence même une réserve inépuisable de ressources, fécondité, richesse, stabilité pour tout corps vivant-conscient dès lors qu'il s'ouvre à sa dimension matricielle d'énergie potentielle, ce qui est toujours possible par l'expérience de l'in-tase (transe de régression au primordial, méditation d'abandon à l'intase les yeux fermés, danse de fluidité).

Dès que, par la dissolution de l'attachement à une forme (eau), je me perçois dans mon intase comme éternellement là, présence matricielle vivante de fécondation (terre) qui peut engendrer toutes les formes (feu), alors s'ouvre en moi l'espace d'accueil de tout ce qui arrive (air) dans une liberté complète.

La plénitude de l'être exclut alors toute crainte : l'espace se perçoit comme hors temps, hors forme, et pourtant lié à un corps vivant dans le monde, avec tous ses besoins à combler. Le terrorisme ne peut plus atteindre le "je" car il n'a plus aucune forme à perdre : il est pure vie jouissant d'elle-même à travers le désir de joie. Le je est énergie pure (shakti) accueillant la conscience pure (shiva).

Le je désirant peut alors accueillir les peurs (désirs de ne pas souffrir) et agir avec prudence et sagesse pour créer les conditions de la paix sans souffrir d'aucune crainte (contraction énergétique) et vivre joyeusement tout ce qui arrive dans un espace expansé de légèreté existentielle, y compris la nécessaire tragédie - non dramatique - de toute existence temporelle, soumis au cycle de l'apparition-disparition de toute chose dans le temps.

C'est l'extinction alors de tout manque (nirvana) et l'émergence de l'état de Bouddha (l'éveil). Le réel ne manque de rien : il est pure vie.

L'impermanence n'est alors plus cause de malheur mais condition de tout bonheur. Et la joie peut être créée dans l'instant par l'action juste, dans le respect des besoins, par l'action qui réalise la forme la plus haute de vie. Cela s'appelle vivre !

Célébrer l'impermanence - les noces incessantes de la vie et de la mort dans la grande danse cosmique - est le rituel par excellence de la danse de l'eau dont l'essence est la fluidité, l'abandon, le laisser être. 

C'est alors que s'ouvre l'espace infini du contraire de la peur : l'amour. L'être un avec tout. La reliance avec toi, avec nous, avec tous. L'expérience de l'unité. Cela s'appelle la sagesse !

Le remède au terrorisme est ainsi évident : la culture de l'amour par la pratique incessante de l'art de la joie.