dimanche 26 décembre 2010
La joie de l'harmonie cosmique
Installe toi assis, ferme les yeux, relâche tout, respire, deviens totalement présent à toi-même et abandonne toi à la joie d'être qui tu es.
Sens d'abord que tu es la joie d'être tout ce qui existe ici et maintenant, tu es le soi, tu es la vie.
Sens ensuite que tu es la joie d'être l'un éternel, l'espace de l'être immuable hors du temps,tu es la terre, tu es le corps.
Sens maintenant que tu es la joie d'être le mouvement incessant, le temps du devenir créateur hors de l'espace, tu es le feu, tu es l'âme.
Sens ensuite que tu es la joie d'être l'infini, la conscience sans forme qui contient toute chose et se connaît elle-même, tu es l'air, tu es l'esprit.
Sens enfin que tu es la joie d'être l'amour, l'union parfaite, tu es l'eau, tu es le coeur.
Tu sais maintenant que tu es qui tu es, la joie de l'harmonie cosmique, la joie extatique d'être Dieu, la joie d'être la joie.
Lève toi, marche, danse, parle, travaille en continuant à vivre ainsi à chaque seconde dans la joie d'être qui tu es.
vendredi 17 décembre 2010
La danse du bonheur
Danse et tu seras la joie
Danse et tu seras la vie
Danse et tu seras Dieu
Danse et tu seras heureux
La joie est danse
La vie est danse
Dieu est danse
Le bonheur est danse
rien à faire, tout à être
rien à dire, tout à chanter
rien à nier, tout à affirmer
rien à attendre, tout à accueillir
laisse danser la danse
il n'y a pas d'autre bonheur
que la joie d'être la danse
cela s'appelle l'amour
mardi 7 décembre 2010
la félicité du soi - Ramana Maharshi
Le mental est accoutumé à vagabonder sous la pression des tendances latentes qui se manifestent sous forme de pensées.
Tant que des tendances subsistent dans le mental, elles doivent en sortir et se consumer.
Les pensées forment le mental.
En recherchant ce qu'est le mental, les pensées reculent et le chercheur saura qu'elles proviennent du Soi.
C'est l'ensemble de ces pensées que nous appelons "mental".
Si on réalise que les pensées s'élèvent du Soi et si on demeure dans leur source, le mental disparaît.
Quand le mental cesse d'exister et que la félicité de la paix est réalisée, on trouve aussi difficile de concevoir une pensée qu'il était naguère difficile d'en supprimer.
La félicité de la paix est trop bonne pour être troublée.
L'homme profondément endormi déteste être réveillé et être rappelé à ses devoirs. La félicité du sommeil profond est trop captivante pour être sacrifiée à l'activité, née des pensées.
L'état libre de pensées est notre état originel. Il est toute félicité. N'est-il pas déplorable de quitter semblable état pour un état malheureux, fourmillant de pensées?
Si on désire rester dans un état libre de pensées, le combat est inévitable. L'état primordial est le résultat d'une conquête. On doit se frayer le chemin en se battant pour regagner son état originel et primordial. Si le combat est bien mené et le but atteint, l'ennemi - autrement dit les pensées- sera vaincu.
Toutes les pensées s'apaiseront dans le SOI et disparaîtront entièrement. Les pensées sont l'ennemi. Elles correspondent à la création de l'Univers.
En leur absence, il n'y a ni monde ni Dieu créateur
Il n'y a que l'être unique et c'est la félicité du Soi.
Ramana Maharshi
samedi 4 décembre 2010
La Voie du Bonheur Immediat
Là, ici, maintenant, immédiatement, sans effort, sans attente, sans avoir besoin de rien, sans peur d'aucun danger, il y a déjà ce que tu cherches depuis toujours, le bonheur absolu, la félicité, la béatitude. Il est là, qui t'attend depuis toujours, et il ne partira jamais une fois que tu l'auras trouvé là où il est, dans l'immédiateté du Ici et Maintenant.
Son nom ?
La Joie d'être Conscience du Réel.
mercredi 24 novembre 2010
la sagesse comme abandon de la philosophie
Au cours d’une sieste en extase provoquée par la lecture de quelques phrases de Ma Ananda Moyi, je me réveille en rêve, ressens une joie infinie et deviens pure illumination.
En un éclair je comprends l’inutilité et la nocivité de toute philosophie. L’approche intellectuelle est radicalement insuffisante : la pensée conceptuelle dissocie l’humain de la réalité même de la vie. La vérité de l’être est pure vie, pure manifestation de l'un, pure immanence. Elle ne peut se trouver par la pensée avec les mots, le raisonnement, la dialectique. La philosophie doit donc être totalement abandonnée par celui qui cherche la sagesse. La vérité n’existe que dans et par la vie, et elle ne peut être trouvée qu’en abandonnant toute recherche intellectuelle et en nous abandonnant nous-mêmes à notre pure spontanéité à la fois réceptive et créatrice de vie, en laissant être notre nature vivante originelle au sein du silence, par la suprême science du réel qu’est la mystique, ou si on préfère la vie pure. Quand le mental se tait, l’intuition directe de l’esprit apparaît, la vie resplendit, l'Eros ressuscite, la conscience s'éveille et le bonheur suprême naît : la vision du réel, le déploiement de l’amour, la volupté de la paix, l’affirmation de l’un, le silence du mental, la plénitude de la joie, l’acceptation de l’ignorance, la magnificence de la liberté, l’émerveillement devant le présent, la poésie de la vie, le sentiment d’éternité, la destruction de l’avidité, la libération de l’espoir, la présence de Dieu, le rayonnement du sacré, la lumière du sens, la danse de tout. Cet état se nomme béatitude, il ne demande aucun effort, il est accessible à tous à tout moment, il ne peut être provoqué par rien. Il est ce que "je suis", c'est-à-dire tout ce qui apparaît, et à quoi je ne peux penser.
C’est à cette pratique d’abandon de l’intellect et d'éveil de l'intuition de la vie par elle-même que j’ai donné le nom de Biosophie. Fini « l’amour de la sagesse », je veux dire cette quête avide, sèche et stérile d’un savoir intellectuel purement livresque et discursif pour résoudre de faux problèmes qui cachent en réalité la peur de vivre, d’aimer et d’être soi… Seulement l’abandon à la sagesse de la vie. Ici ! maintenant ! Tout est parfait !
La Biosophie n’est autre que la méditation silencieuse et émerveillée de la réalité qui naît de cette vivencia amoureuse. Plus d’effort, plus de recherche, plus d’ego : seulement la célébration de la vie.
Splendeur du présent
La joie s'aime
tout est ouvert
jeudi 18 novembre 2010
ouvrir les bras de la joie au monde du bonheur
Ne cherche pas le bonheur. Ouvre seulement les bras à la joie. Le bonheur est là, partout où il y a la joie. Et la joie est partout ! La joie est éternellement présente ! Car la joie est la substance du monde. Ne cherche pas le bonheur, parce qu'il est déjà là dans le ciel, sur la terre, dans les arbres, les oiseaux, le battement de ton coeur, le scintillement des étoiles, le chant des vagues et le frémissement de ton amour pour le moindre souffle de vie au coeur de chaque vivant. Réjouis-toi sans retenue et sans réserve, car tout est là, accompli depuis toujours. Tu n'as rien à faire, rien à penser, rien à être... Car tu es la joie ! La joie est l'essence de la vie, et la vie est l'essence de l'être, et l'être est l'essence même de toi! Cesse donc de chercher ce que tu es déjà, ce que la réalité est déjà, et célèbre en dansant la magnificence de cet instant qui s'offre à toi dans la danse des atomes dans le ventre souriant de l'infini. Accueille ta divinité en poète, jouis de la vie en enfant et laisse les théoriciens aveugles, philosophes anémiés et intellectuels stériles déplorer la misère humaine et l'absurdité du monde. Continue simplement à t'abandonner à la danse extatique de l'amour... Continue à oeuvrer à la grande politique : fais l'amour à l'amour et enfante ton rêve en bénissant la déesse qui t'a fait naître et dont tu es à jamais le père, le frère et le fils radieux et radiant.
mardi 31 août 2010
le présent de l'été
L'été : sublime saison du bonheur accompli. Le présent de "l'été" 2010 demeurera à jamais dans la chair de mon âme comme un soleil aux mille saveurs habitées par l'extase de vivre et le miracle de créer. Je rends grâce à cet été pour les milliers d'extases enfouies dans le coeur de mon coeur, gratitude étoilée pour les sourires des nouveaux amis rencontrés sur le chemin, de la californie à l'angleterre en passant par Julliac et Meschers, en particulier Chris, Jeff, Yunes, Fred, Mike, Guy, Eric, Olivier, Patrice, Alan, Marc, Benoit et Romain merci pour la grâce des déesses rencontrées et aimées dans l'espace de ma danse, en particulier Marie, Marin, Marina, Margarita, Lauren, Zora, Julie, Vicky, Véro, Isabelle, Ivonne, Sylvia, Armelle, Claire, Simone, Orianne et Annabelle, et bien sûr mon étoile Claudia à l'ardente douceur, et mes enfants de rêve à l'incandescente candeur, merci à la vie pour ces millions d'instants de jubilation comme autant de ruisseaux de plaisir alimentant les fleuves de ma joie jusqu'à faire déborder l'océan de mon bonheur... Sérénité et Enthousiasme : les deux pieds sur lesquels dansent ma joie d'être.
mardi 29 juin 2010
le bonheur suprême
vendredi 28 mai 2010
le secret du bonheur
mercredi 19 mai 2010
Nous sommes au paradis
Eden, c'est la réalité même !
Eden apparaît quand nous nous éveillons de notre rêve. Quand nous avons la sagesse de ne pas penser le monde et de simplement le vivre tel qu'il est, de toute éternité, divin. Quand nous avons la sagesse de ne pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance de la dualité « bien et mal » et que nous nous contentons de manger des fruits infinis de l’arbre de vie. Nous prenons alors conscience de ce que nous sommes, dieu en tant qu'homme et femme, Adam et Eve, vivant dans le bonheur éternel du sans temps, jouissant sans efforts de chaque instant en savourant le jardin des délices de la vie dans l’innocence de la réalité une, et nous sommes alors libres, libérés du péché ("raté la cible"), libérés de la non dualité, libérés de la tyrannie de la recherche, du travail, de devoir, de la morale, de la métaphysique, du but, du manque, du sentiment d’imperfection, de l’histoire, du devenir, de la haine, de la peur, du désir, de la colère, de la dissimulation, du mensonge, et même de la mort : nous sommes des vivants éternels, des dieux vivants (et non « COMME des dieux », comme nous le promet sans cesse le serpent-satan–diable-ego-dualité). Nous vivons alors dans l’unité, l’acceptation, la communion, la nudité, la transparence, l’amour, la spontanéité, le jeu, le sentiment de perfection, la liberté, la joie, la confiance, la sérénité, l’enthousiasme, comme l’étaient et le sont tous les sages et les éveillés, ceux qui vivent selon la sagesse de la vie, l’instinct naturel, avant l’avènement de la pensée dissociante, mère de toutes les techniques, arts, sciences et philosophies, à l’origine de la décadence humaine de se croire jeté hors du paradis terrestre. Il est à chaque instant MAINTENANT et TOUJOURS temps de revenir au non-temps des origines, au non-temps de l’enfance, au non-temps de la pré-histoire. De vivre pleinement, ensemble, dans l'éternité de l'Eden : la réalité m'aime.
mercredi 5 mai 2010
Le bonheur n'existe pas
Avez-vous déjà pensé à cela ? Seul existe le moment présent, unique et nouveau à chaque instant, différent pour chacun, de seconde en seconde... Parfois, le plus souvent pour la majorité d'entre nous, cet instant s'accompagne d'un sentiment d'insatisfaction parce que nous désirons vivre autre chose que ce que nous sommes en train de vivre. Parfois, plus rarement sans doute, ce que nous vivons comble notre désir. Nous ne voulons alors vivre rien d'autre que ce qui existe, là, tel que c'est. L'instant présent s'accompagne alors d'un sentiment de bonheur précis, lui aussi unique et nouveau à chaque instant, différent pour chacun. Ce bonheur possède toujours la même essence - la joie -, mais la forme, la substance, la couleur, la qualité associées à cette joie sont toujours nouvelles, liées à cette expérience nouvellement vécue ici et maintenant, et pour cela toujours étonnante. Chaque instant de bonheur est ainsi toujours vécu comme s'il était le premier, justement parce qu'il est le premier, et il est donc faux de parler "du" bonheur. "Le" bonheur n'existe pas. Ce qui existe, ce sont des impressions de bonheurs uniques, toutes différentes, toutes liées à une expérience absolument particulière d'un sujet absolument singulier et impermanent qui vit à chaque fois "pour la première fois" l'instant présent dans sa qualité unique : je contemple la beauté de ce ciel, je savoure l'harmonie de cette détente, je me réjouis de ce beau geste de tendresse d'un père avec son enfant, je m'émerveille de cette mélodie entendue alors que je marche entre les bancs de fruits du cours Saleya à 16h32. Qu'est-ce que cela change? Tout, pour celui qui cherche "le" bonheur. Parce que "le" bonheur ne peut jamais se trouver. Seul "un" bonheur peut exister, et il ne peut se trouver : il ne peut qu'être déjà là, dans la plénitude de bonté précise de l'instant présent, et il n'est accessible que pour celui qui s'est totalement libéré de tout désir de le chercher ailleurs que tel qu'il est donné par la vie dans la grâce de chaque instant avant toute recherche.
Ne cherche donc plus le bonheur. Accueille la grâce du présent et savoure seulement cet instant de vie : là est TON bonheur.
mardi 27 avril 2010
âge et bonheur
La vieillesse, une malédiction? C'est faux ! C'est une bénédiction... Comme tout ce que la vie fait ! Pourquoi? Parce que le bonheur ne dépend en aucune façon de l'âge, mais de notre capacité à demeurer dans la joie à chaque instant, autrement dit de notre sagesse, comme en témoigne l'exemple magnifique de Jeanne Calment, "doyenne de l'humanité" décédée à l'âge de 122 ans... "Mon secret? Je n'ai jamais travaillé ! (...) J'ai pu cultiver tous les plaisirs. J'ai agi de manière claire et morale, sans aucun regrets. Je suis très heureuse.»
C'est ce que j'ai rappelé hier lors de ma conférence lors de la journée sénior et avenir organisée au Musée d'Art Moderne par Jean Michel Galy, président de l'université inter âge, en présence de Daniel Benchimol, doyen de la faculté de médecine et adjoint à la santé de la mairie de Nice. Voici le résumé de mon intervention :
"Est-il plus facile d'être heureux quand on est jeune que quand on est âgé? C'est ce qu'on croit généralement... C'est un des préjugés les plus répandus dans nos sociétés dites évoluées que la jeunesse est un bien et la vieillesse un mal... Ce préjugé commun est d’ailleurs repris par nombre de "grands esprits" tels Léopardi ( "La vieillesse est le pire des maux, car elle prive l'homme de tous les plaisirs en lui en laissant l'appétit"), Terence, ("La vieillesse est par elle-même une maladie") ou encore Cioran ("La vieillesse, en définitive, n'est que la punition d'avoir vécu"). Nous pourrions ainsi nous écrier avec Ronsard qu’il faut nous dépêcher de cueillir les roses de la vie en notre jeunesse, comme si elles ne pouvaient que se faner avec l'âge… Et voir définitivement le temps comme un bourreau : "toutes les heures nous blessent, la dernière nous tue."
Contre cette conception noire et pessimiste, je voudrais faire ici entendre la voix solaire de la philosophie : La vieillesse offre bien des inconvénients, mais elle est en réalité le meilleur des biens, car elle ne prive l’homme d’aucun plaisir et lui apporte la condition essentielle du bonheur, qui est la sagesse. Loin d'être une punition, elle est une récompense, du moins pour ce qui savent bien vieillir, et cela quelle que soit la manière dont ils ont vécu leur jeunesse…
Les chances de vivre dans le bonheur ne diminuent pas avec l’arrivée de la vieillesse pour deux raisons essentielles. La première, c’est qu’il n’existe en réalité aucune relation entre le bonheur et l’âge ! La deuxième, c’est que l’âge est plutôt un avantage qu’un inconvénient.
Commençons par le premier argument.
Si on comprend bien ce qu’est le bonheur, si on saisit l’essence même du bonheur, on peut immédiatement voir que le vieillesse n’empêche pas le bonheur, car la seule condition pour être heureux est de ressentir de la joie, ou du moins de ressentir une joie suffisamment grande pour nous sentir comblé, pour nous sentir satisfait par la vie, pour nous sentir envahi par une sensation de plénitude, d'harmonie et de contentement de l'esprit. Est-ce que l’accès à la joie et à la plénitude dépendent de notre âge ? Non. La joie est ouverte à tous, à tout moment, quel que soit notre âge. L’enfant, l’adolescent, l’adulte ou le vieillard sont exactement sur un même pied d’égalité en ce qui concerne la question essentielle de la vie humaine, la question du bonheur. Pourquoi donc ? Et bien c’est très facile à comprendre, si on remarque que la joie est d’essence spirituelle. Je veux dire que ce n’est pas une sensation corporelle liée à l'espace et au temps, et qu’elle ne dépend donc pas de la vie du corps, ni de ce qui arrive dans le monde extérieur. Les sensations corporelles agréables qu’on peut regrouper sous le concept de plaisir dépendent du corps et de ses expériences mondaines. Ainsi le plaisir de manger une fraise, de faire une promenade, d’écouter une jolie musique, de voir un beau paysage dépendent de l’espace et du temps. Elles dépendent du corps et des circonstances. Elles vont donc varier en fonction de son âge… Au contraire, la joie n’est pas liée à une expérience physique et sensorielle. C’est un sentiment qui naît dans notre conscience sans rapport avec la vie du corps, ni avec ce qui se passe à l’extérieur du corps, ni d'ailleurs de ce qui se passe dans le monde. Elle ne dépend donc pas du temps ni de l’espace. Si je deviens aveugle, je ne pourrais plus avoir le plaisir de voir un beau paysage, si je deviens sourd, je ne pourrais plus avoir le plaisir d’écouter une belle musique, si je n’ai plus de jambe, je ne pourrais plus sentir le plaisir de faire une promenade, en revanche cela ne changera rien à ma capacité de joie. C’est que la joie est un acte spirituel donc la cause est intérieure et qui est sans rapport avec le temps et avec l’espace, sans rapport donc avec l’âge. Elle toujours possible dans le présent, par un acte libre qui ne dépend que de l’activité de notre esprit. Et quelle est la source de la joie ? Quel est le secret du bonheur ? Voici la question la plus importante de toute la philosophie, la question la plus essentielle de toute l’humanité. Et nous pouvons tous voir que la réponse est évidente, et qu’elle ne dépend en aucune façon de l’âge, en aucune façon du temps. La source de la joie, le secret du bonheur, tient en un mot : la conscience, ou ce qui revient au même, le présent. Etre heureux, c’est se réjouir de ce qui existe dans le présent. C’est être totalement conscient de la présence à ce qui est, tel que c’est, sans chercher à comparer avec ce qui a été, ce qui sera ou ce qui pourrait être. C’est être pleinement présent à toutes les joies présentes, et elles sont innombrables, toujours possibles à savourer à tout âge, quelles que soient les circonstances. Je veux parler de la joie de vivre, la joie de connaître, la joie de comprendre, la joie de créer, la joie de contempler la beauté, la joie d’aimer les autres, et bien sûr aussi la joie de sentir tous les plaisirs du corps et les perceptions des autres corps lorsqu’ils sont présents. Car le plaisir ne s'oppose pas à la joie ! Il est fait de la même substance... C’est là, maintenant, pour vous, la joie d’être là, la joie d’être vous-même, la joie d'être au monde, la joie de vous sentir libre, la joie d’être ensemble, la joie de percevoir la beauté de ce lieu, la joie de voir la beauté du sourire de chacun, la joie de m’écouter parler, la joie de comprendre que vous n’avez jamais été aussi proche du bonheur que maintenant, et que cela durera toute votre vie, quel que soit votre âge, si vous restez libre du temps et que vous viviez pleinement dans la perception de moment présent. Le bonheur est donc accessible à tous d’une manière qui ne dépend pas des vicissitudes de l’âge et qui ne dépend que de notre capacité à être totalement présent. Il ne dépend que de l’activité de la conscience et de la liberté de l’esprit de sa principale source d’esclavage, qui est de penser aux deux temps qui n’existent pas, le passé et le futur. Par conséquent, que nous ayons 5 ans, 30 ans, 50 ans, 70 ou 100 ans, notre conscience a en réalité toujours le même âge, c’est-à-dire qu’elle ne vieillit pas : notre conscience à l'âge du présent. Du point de vue spirituel, du point de vue de notre conscience, nous sommes ainsi éternellement jeunes, et même éternellement enfants : nous avons toujours le même âge que lorsque nous avons commencé à être conscients. Autrement dit nos chances d’être heureux sont absolument égales quel que soit l’âge de notre corps… N’est-ce pas merveilleux ? N’est-ce pas une bonne nouvelle ? Encore faut-il que notre conscience soit heureuse, évidemment, c’est-à-dire que la vie que nous vivons dans le présent puisse nous remplir de joie… Et c'est pourquoi nous avons besoin d'une philosophie, d'une éthique, d'une culture, d'une politique... Pour créer les conditions de notre joie. Que se passe-t-il, d'ailleurs, quand nous sommes dans la joie ? Nous nous sentons jeunes ! « le bonheur supprime la vieillesse » comme le dit Kafka… Alors que la tristesse nous fait nous sentir vieux… Le seul moyen de lutter contre la vieillesse, c’est donc de cultiver la joie… C'est de pratiquer l'art suprême de la vie : l’art d’être heureux… Le problème est ici exactement le même pour un jeune que pour un sénior, si ce n'est que le sénior a l'avantage de l'expérience et de la culture : le bonheur n’est en réalité ni plus ni moins difficile à 20 ans qu’à 100 ans. Dans les deux cas nous sommes heureux que lorsque nous sommes satisfaits de ce que nous vivons, que nous créons une vie belle, riche, profonde, pleine de sens et d'amour. Pour une personne âgée, comme pour une personne jeune, la condition essentielle pour être heureuse est en fait la liberté intérieure face aux illusions, face aux passions, face aux croyances... Vous avez reconnu ici la définition même de la philosophie. La plus forte croyance à éliminer est sans doute, surtout dans notre civilisation matérialiste, l’identification à notre corps, à ses prolongements tels l’image que nous donnons de nous, ainsi qu'à nos possessions matérielles… Cette identification n’est qu’une pensée, et au surplus une pensée fausse… Car la tristesse d’être âgé vient seulement de ce que nous pensons être notre corps, que nous nous identifions avec la pensée « je suis mon corps » et que nous comparons notre état actuel avec notre état passé, ou bien avec un autre corps plus jeune, plus beau ou plus fort, ce qui est une autre pensée. La première clé de sagesse est donc de comprendre que nous pouvons à tout moment être heureux, quel que soit notre âge, quel que soit l’état de notre corps, à la condition de créer une vie qui nous remplisse de joie dans l’instant présent, sans penser au futur ou au passé, sans le regret du passé ou la peur de l’avenir. Bref, la condition essentielle du bonheur, c’est la sagesse…
Ce point essentiel étant posé, nous pouvons à présent nous détendre, éliminer tout le stress éventuellement lié à la tristesse ou à la peur de vieillir, stress qui, rappelons-le, constitue notre principale source de douleur, de maladie et de mauvaise humeur, et nous pouvons reprendre notre méditation philosophique pour l’approfondir. Que pouvons-nous faire pour être heureux, quand nous avançons en âge et que nos possibilités corporelles diminuent ?
S’ouvre à nous ici le champ de la réflexion philosophique de l’éthique, qui n’est autre que l’art du bonheur par la culture de la sagesse, c’est-à-dire l’ensemble des vertus. Plus je vivrais avec sagesse, plus je serais bon et vertueux, c’est-à-dire juste, prudent, tempérant, courageux, généreux, doux, tolérant, plein d’humilité, d’humour et d’amour, et plus je sentirais de la joie d’être qui je suis et plus je serais heureux quel que soit mon âge.
L'âge n'influe-il donc en rien sur notre capacité de bonheur? Ce serait être aveugle que de le croire : le corps n'est pas source de joie, mais il peut être source de plaisir ou de douleur en fonction de notre état de santé. Quels sont les avantages et les inconvénients de la vieillesse par rapport à l’accès au bonheur? Les inconvénients, nous les connaissons tous et je ne vais pas les décrire. Le principal est celui de la maladie, état anormal, il faut le rappeler, et dont la probabilité augmente avec le vieillissement des tissus et des organes. Un corps qui vieillit se fatigue plus vite, est plus vulnérable aux maladies, a des sens moins performants, sa vigueur et son adaptabilité diminuent, ses performances physiques et intellectuelles déclinent, il perd son autonomie et c'est pourquoi il est souvent rejeté, isolé, voire exclu dans nos sociétés jeunistes et égoïstes… Tout cela existe et permet de comprendre pourquoi la dépression affecte souvent les personnes âgées et pourquoi la vieillesse est souvent associée, comme la mort d’ailleurs, à une malédiction… Contre cette vue pessimiste je voudrais encore énoncer deux thèses audacieuses mais que je crois néanmoins vraies. La première, c’est qu’il est possible d’être vieux et en bonne santé si on respecte pendant la durée de la vie tous les besoins réels du corps. La vieillesse n’est pas synonyme de maladie, de souffrance et de douleur. Une bonne alimentation, une activité physique adaptée, mais aussi et surtout des relations saines, une bonne intégration sociale, des activités utiles et sources de sens, une vie culturelle et spirituelle riche, et surtout de l'amour, sous toutes ses formes, et surtout l'amitié, voilà les vrais fondements de la santé. La vie peut alors s’accompagner non seulement de joie mais aussi de plaisir, de volupté et de bien être jusqu’à un âge très avancé, comme le montre les études faites sur les centenaires qui expriment, quand ils ont de bonnes conditions de vie, combien ils sont plus sereins, plus capables d’apprécier la vie, plus libres de voir la beauté de la vie. La jeunesse est peut-être la plus belle des fleurs, mais la vieillesse est sans doute le plus savoureux des fruits. Ceci dit nous devons admettre que la vieillesse est au-delà d’un certain âge comme la petite enfance l’âge de la vulnérabilité, de la fragilité, de la perte d’autonomie, et qu’il est donc du ressort de la politique d’aider les personnes plus faibles que sont les tous petits enfants et les personnes en fin de vie, à jouir de conditions de vie favorables à leur bonheur.
Ceci étant dit, j’ai une thèse plus audacieuse à vous proposer encore. C’est que le vieillissement et, tout comme la mort d’ailleurs, est en réalité une bénédiction… Il est bon de vieillir, la vieillesse est un bien !
Bien que l’âge n’aie, comme je l’ai montré, aucun rapport direct avec le bonheur, Il existe au moins un immense avantage à être âgé, c’est que notre esprit devient avec l’âge de moins en moins dépendant de la mémoire et qu’il est de plus en plus capable d’utiliser la partie éternellement jeune de son esprit, celle qui est en lien avec l’éternité, avec le présent infini de l’éternité. Je veux parler de la raison, prise dans son sens le plus profond, non pas la capacité à faire des raisonnements avec le langage, mais la capacité à intuitionner le réel hors du langage. L’avantage de la vieillesse, c’est qu’on perd la mémoire ! Disons plutôt qu’on a moins besoin, (car la mémoire cognitive est bien sûr un bien qu'il vaut mieux ne pas trop perdre) et qu'on peut dans l'âge mûr se consacrer davantage à l’usage de l’intuition, de la capacité de connaissance directe de la réalité, faculté maîtresse de l'art, de la philosophie et de la spiritualité.
La vieillesse est, en conclusion, comme l’enfance, l’âge d’or, parce que c’est l’âge de l'esprit éveillé, l'âge de l’innocence retrouvée, l’âge "de la vie purifiée des illusions et des passions", comme dit Stendhal. Toutes les joies de la vie spirituelle sont alors à tout moment accessibles, en particulier quatre grandes sources de joies.
D'abord, les joies de la philosophie, les joies intellectuelles et cognitives de comprendre, se comprendre et comprendre le monde. Le sénior a plus de temps libre et de disponibilité intérieure pour se consacrer à la vie de l’âme, la philosophie et la spiritualité. Grâce à la pratique de la philosophie, les passions sont moins intenses, parce que les illusions sont moins fortes, alors que les désirs peuvent être toujours aussi intenses et enthousiasmants. D'autre part l’expérience permet d’éliminer les erreurs du passé, de se libérer des identifications et des croyances matérialistes ou idéalistes : on se libère des idéaux, on se libère des ambitions, du narcissisme… Les affects peuvent donc être plus facilement raisonnables et l’intelligence devient plus affective, plus sensible aux vraies valeurs de la vie.
La personne âge peut alors accéder aux joies de la sagesse, les joies spirituelles et transcendantes qui dépassent la pensée et sont pure conscience d'être et d'apprécier la vie telle qu'elle est, sans avoir besoin de la comprendre.
"La jeunesse est le temps d'étudier la sagesse, la vieillesse est le temps de la pratiquer" remarquait Rousseau. Et Joubert ajoutait "La vieillesse n'ôte à l'homme d'esprit que des qualités inutiles à la sagesse."
Bref, vieillir n’est pas diminuer, mais grandir. C'est avoir, par la bénédiction de l'âge, plus d'espace de vie pour exprimer sa grandeur d’âme, sa magnanimité.
Mais ce n'est pas tout ! Le sénior peut savourer toutes les joies de la culture, les joies esthétiques et poétiques des jeux, de la pratique des arts, des sciences, des techniques, de la politique, avec certes moins de rapidité, mais peut être plus de saveur...
Enfin la vieillesse est l'âge d'or pour savourer les joies de l’amour, les joies affectives, amicales et amoureuses qui enrichissent plus que toutes autres la vie humaine. Et même les joies de la sensualité et de la sexualité ! Quelle merveille que de tomber amoureux à plus de 80 ans ! C'est Anaïs Nin qui l'a sans doute le mieux exprimé : "Le seul alchimiste capable de tout changer en or est l'amour. L'unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière, c'est l'amour."
Ce n’est donc pas un hasard si une étude l’Insee a montré que les français sont beaucoup plus heureux entre 60 et 65 ans qu’à tout autre période de la vie… Ajoutons à présent qu'avec une bonne qualité de vie et un peu de philosophie, ce bonheur peut durer et même s'intensifier jusqu'au double ! Le jour de son 121e anniversaire, un journaliste a posé la question à Jeanne Calment : « Je voudrais bien savoir si vous avez très envie de continuer à vivre ? ». La doyenne lui a répondu : « Oui, encore un peu ». C'est qu'elle avait conscience qu'elle pouvait encore savourer son bonheur, et peut être même l'augmenter... car la grâce de la béatitude et l'extase de vivre peuvent jaillir à tout instant : cela ne demande que l'abandon de la conscience à la grâce d'être conscience.
Le sénior a donc finalement beaucoup plus de chance de vivre dans le bonheur parce qu'il a plus le temps de se consacrer à la sagesse, c'est-à-dire la vertu, « la force d’âme », comme dit Spinoza, que je préfère appeler la « bonté d’âme ». Le bonheur, c’est surtout éprouver la joie d'être bon. La bonté est la source essentielle du bonheur, parce qu'elle implique la capacité de sentir combien la vie est bonne, parce qu'elle est par elle-même la source de toute joie…
Je peux donc pour finir vous chanter avec ce prince de la vieillesse que fut Brassens : « moi qui navigue entre deux âges, je vous adresse ce message : l’âge ne fait rien à l’affaire, quand on est bon, on est bon ! Qu’on ait 20 ans, qu’on soit grand père, quand on est bon, on est bon ! Entre vous plus de controverses, bons caduques ou bons débutants... Petits bons de la dernière averse, vieux bons des neiges d’antan... Heureux de la dernière averse, heureux des neiges d’antan ! "
Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite un vieillissement bienheureux !
vendredi 23 avril 2010
La pensée, obstable au bonheur
Contrairement à ce que l'on croit et ce que l'on enseigne, la pensée est un obstacle au bonheur. En effet : quand je pense, je me concentre sur une idée de la réalité en fonction de mes besoins et je ne perçois plus la réalité de la vie dans sa beauté vibrante et vivante, source même du bonheur. Je sens alors naître en moi désir d'imposer mon idée par rapport à ce qui est, et naissent alors inévitablement tension, espoir, regret, tristesse, colère, haine, et je m'éloigne de la joie d'être vivant, présent, serein, ouvert à la réalité telle qu'elle se donne. Bien sûr, si ma pensée est vraie, si les idées que je conçois sont adéquates, si c'est la réalité même dans toute sa splendeur qui s'offre à moi dans l'exercice de ma pensée à travers les concepts du langage et les images mentales que mon esprit se forme, je peux toutefois ressentir la joie de comprendre la partie de la réalité telle qu'elle se donne, éprouver la joie d'agir avec efficacité grâce à la puissance du raisonnement et me sentir non séparé de la source du bonheur. Je peux même sentir mon bonheur augmenter d'intensité par la jubilation de sentir la puissance de ma raison s'exprimer, qui n'est autre que la puissance même de la vie cosmique, créatrice de toute chose. Cependant, même si ma pensée est vraie, le simple fait de penser concentre mon attention sur une partie de la réalité et exclut du champ de ma conscience tout le reste de ce qui existe. Je me coupe alors de la joie de percevoir la totalité des merveilles de la réalité que ma pensée exclue pour ne me remplir que de la joie de ce qu'elle comprend. Cet inconvénient de la pensée auquel succombe quasi inévitablement toute conscience dès qu'elle pense peut trouver un remède en maintenant vivante la joie de l'attention au réel tel qu'il se donne dans l'éternité changeant de son présent, c'est-à-dire en laissant l'éveil se produire au sein de la conscience infiniment consciente d'elle-même qui comprend non seulement la totalité de ma vie, mais la totalité du monde.
Le bonheur demande donc deux conditions : penser le moins possible, pour demeurer dans la conscience joyeuse de la vie - ce qui s'appelle être sage -, et lorsque la pensée est nécessaire, notamment pour éclairer l'action par la mémoire du passé et l'anticipation de l'avenir, ne penser que la vérité de la réalité elle-même, - ce qui s'appelle être philosophe. Dans les deux cas, pensée ou non pensée, le bonheur a toujours la même source : la joie d'être présent à la merveille de la vie. La joie d'être la vie.
jeudi 15 avril 2010
Eveil et Bonheur
Une heure de méditation tranquille sur mon lieu de travail préféré (la plage au soleil face à la mer) sans aucun but et à nouveau des moments de sortie de la pensée et d'accès au silence de la pleine présence, pleine conscience, pleine béatitude... Je réalise très clairement à présent qu'il faut sans l'ombre d'un doute bien distinguer deux types de "bonheurs" a priori très semblables et en réalité très différents : celui qui est ressenti par la conscience dans son état dit "ordinaire" de sujet pensant et agissant dans le monde, et celui ressenti par la conscience dans son état dit "éveillé" à sa vraie nature "non duelle" (sans sentiment de séparation). Les deux méritent d'être appelés "bonheur" par le fait que dans les deux cas la conscience se sent pleinement satisfaite de ce qu'elle est en train de vivre et il n'y a pas de supériorité de l'un sur l'autre. Sur le plan affectif, il s'agit du même sentiment de base : une joie assez grande pour contenter l'esprit. Le second, généralement appelé félicité ou béatitude, se distingue pourtant radicalement du premier par plusieurs caractères et se présente en fait comme ayant apparemment infiniment plus de valeur :
- Le bonheur-béatitude est absolu, alors que le bonheur ordinaire est relatif.
- Il est intemporel, alors que le premier est temporel.
- Il est impersonnel, alors que le premier est personnel
- Il est indéterminé, sans cause, alors que le premier est déterminé par des causes.
- Il est toujours et facilement accessible, alors que le premier est difficile d'accès et fragile
- Il est infini, alors que le premier est fini
- Il ne s'accompagne d'aucune pensée, il est pure conscience du réel, alors que le premier est lié à des pensées qui viennent entraver la conscience du réel
- Il est pur, simple, évident, alors que le premier est mélangé, complexe, mystérieux.
- Il est identique au sentiment de liberté, alors que le premier s'en distingue
- Il est indicible, alors que le premier est descriptible
- Il est inexplicable, alors que le premier est explicable
- Il est non duel (plus d'existence d'un sujet et d'objets distincts), alors que le premier est duel (le sujet se sent distinct du monde des objets)
- Il s'accompagne d'émerveillement, gratitude, enthousiasme, amour, étonnement total, alors que le premier peut n'éprouver que partiellement ces tonalités affectives.
- Il ne demande aucun effort, seulement un laisser être, un lâcher prise, un non agir, une non pensée, une détente, une attention, alors que le premier demande un effort, une réussite, une action, une pensée réflexive, une concentration, une tension.
- Il est pure aperception, sans opération mentale, alors que le premier est perceptif, lié à la mémoire et à l'imagination
- Il est pure poésie, alors que le premier est prosaïque
- Il est divin et sacré, alors que le premier est humain et profane.
- Il n'est rien de spécial, étant la conscience de notre vraie nature "parfaite telle qu'elle est", alors que le premier semble extraordinaire, étant liée à la satisfaction apparemment assez miraculeuse de nos désirs dans un monde souvent perçu comme hostile.
à part ça, aucune différence !
Temps et bonheur
Pourquoi cette idée répandue partout que le bonheur doit être durable ? Une joie de vivre complète est-elle moins digne d'être appelée bonheur si elle ne dure que quelques secondes ? Le temps ne fait rien au bonheur, parce que le bonheur n'est qu'une question de reconnaissance par la conscience du caractère totalement satisfaisant de l'existence dans le ici et maintenant de l'instant présent. La durabilité n'est pas un critère du bonheur. Seule la plénitude est un critère, le temps qu'elle dure, sans aucune référence au passé et à l'avenir. Le seul critère est phénoménologique : une joie est d'autant plus source de bonheur qu'elle est sans crainte (sérénité), sans tristesse (gaieté), source de motivation (enthousiasme) et enceinte d'autres joies possibles (amour)... Je ne veux pas d'un bonheur durable ! Je veux d'un bonheur changeant... et présent !
lundi 12 avril 2010
Politique et Bonheur
Sur France Culture, ce matin, "la politique doit-elle faire le bonheur des citoyens?". Ma réponse est très simple : la politique ne doit faire que cela, non pas directement, bien sûr, car nul ne peut faire le bonheur d'un autre que soi, mais indirectement, puisque l'unique but de la politique, qu'elle soit celle de l'Etat et des institutions ou celle des citoyens, est la JUSTICE. Or qu'est-ce que la justice, sinon l'action politique favorisant les conditions du bonheur de tous : liberté, sécurité, prospérité, fraternité...? C'est la raison pour laquelle nous devons changer les gouvernements, les Etats, les constitutions et les politiques de tous les pays du monde, car il est évident qu'aucun Etat actuel n'agit pour le bonheur de tous, mais seulement pour le bonheur de quelques uns, en particulier les quelques dizaines millions de favorisés qui ont le pouvoir et l'argent, d'une manière d'ailleurs mauvaise puisque les véritables conditions du bonheur des citoyens ne sont pas identifiées par les Etats (il faudrait pour cela qu'ils soient l'incarnation de la sagesse), en particulier sur les plans économique et éducatif où règnent les plus grands désastres : nous avons tout pour vivre dans l'abondance et la science, et la misère des ventres, des coeurs et des esprits règne partout en maître. La seule politique juste pour remédier au scandale de l'injustice généralisée qui sévit depuis des millénaires sur notre planète est donc aujourd'hui l'éveil de la conscience des citoyens - et des politiques - par l'enseignement, la diffusion, l'éducation à la sagesse, pour déployer partout les vraies conditions du bonheur à tous, par l'instauration d'une communauté de citoyens du monde généreuse et solidaire. Comme le savait Mandela et tous les justes, cette révolution a lieu à chaque instant, accomplie par les mains d'artiste de la source cosmique. Pas d'inquiétude: tout va parfaitement bien depuis toujours !
dimanche 11 avril 2010
Les 5 principes de la béatitude
vendredi 9 avril 2010
Le Happy-Art : l'Art du Bonheur
J'ai donné ce soir une séance de "pratique du bonheur", ma synthèse pédagogique entre philosophie et biodanza que j'appelle parfois biosophie, parfois "art du bonheur", et que j'ai envie ce matin d'appeler "Happy-Art" ! Nous étions cinq à vivre cette expérience, ce soir, à la Semeuse, et ce fut magnifique...
Petite description de la séance qui a duré une heure :
1. Introduction immobile de recueillement méditatif sur une musique profondément affective (Chanonry point de Merce Cunningham) pour entrer en relation avec notre coeur, notre essence vivante, puis vers la fin de la musique premier exercice de lucidité sur notre Mandala : simplement évaluer notre degré de bonheur présent, entre 1 et 10, et l'inscrire au centre du Mandala...
2. Vivencia de Terre pour activer notre joie d'être au monde sur une musique de marche tranquille et insouciante (Don't Worry Be Happy de Bobby Mc Ferrin) avec des mouvements de marche et d'expression libres pour prendre confiance dans notre puissance d'être et activer notre force intérieure, puis écriture sur la même musique dans la partie terre du Mandala de tout ce qui solidifie notre bonheur, nous donne de la sécurité et nourrit notre Sérénité.
3. Vivencia de Feu pour activer notre joie d'être acteur sur une musique dynamique et joyeuse (Don't stop till' you get enough de Mickael Jackson) avec des mouvements vifs d'exploration pour intensifier notre motivation à vivre, être joyeux et créatif, puis ensuite écriture sur la même musique, dans la partie feu du Mandala, de tout ce qui intensifie notre bonheur, nous donne de la motivation et nourrit notre Gaieté.
4. Vivencia d'Air pour activer notre joie d'être libre sur une musique majestueuse et puissante (Charriot of Fire de Vangelis), avec sur place des mouvements libres d'expansion et d'ouverture pour aggrandir notre espace existentiel, élargir l'horizon de la perception et amplifier notre conscience, puis écriture sur la même musique dans la partie Air du Mandala de tout ce qui nous émerveille, nous fait rêver et nourrit notre enthousiasme.
5. Vivencia d'Eau pour activer notre joie d'être en relation avec les autres sur une musique affective de gratitude (Te dire Merci de Atma), avec des mouvements de rapprochement et de rencontres de regard et de main, vers l'expression de notre gratitude pour intensifier notre sentiment d'amitié et de bienveillance avec chaque personne présente et avec les personnes absentes que nous aimons, puis écriture sur le même musique dans la partie eau du mandala de tout ce que nous sentons bon pour cultiver nos amitiés et nourrir notre sentiment d'amour pour l'humanité.
6. Vivencia finale d'harmonisation et de contemplation du Mandala sur une musique harmonisante et enveloppante (Bilitis de Zamfir) pour activer notre joie d'être, ici et maintenant, accueillir pleinement le bonheur de l'instant et l'intégrer dans notre vie entière puis réévaluation de notre sentiment de bonheur présent entre 1 et 10, et l'écrire au centre du Mandala à la place de l'ancienne évaluation.
7. Partage verbal en silence en cercle en se tenant tous par la main pour exprimer au groupe avec simplicité, spontanéité et authenticité ce que nous avons le désir de partager de nos émotions vécues, de nos découvertes pendant la séance, de notre bonheur présent, de ce que nous sentons essentiel pour nous d'intensifier dans notre vie pour aller vers plus de bonheur pour soi et pour les autres...
Et voilà ! Personnellement, j'ai commencé la séance à 8, je l'ai finie à 9, et je suis maintenant à 10...
Un moment magnifique et sacré pour moi qui me donne envie de proposer des séances de Happy Art partout dans la société, en particulier dans toutes les écoles...
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, la soirée s'est terminée dans un feu d'artifice d'enchantement musical avec mes merveilleux amis musiciens Scott Allen et Sébastien Chaumont, les rois du Groove, au Shapko Bar, dans une ambiance de fête chalheureuse avec des dizaines d'amis en joie...
Merci à la vie pour de si sublimes moments !
mardi 6 avril 2010
Plaisir et bonheur
Quelques réflexions après un stage de biodanza aquatique et massage sensuel savouré en Toscane sur le thème "renaître au plaisir", conduit par ma facilitatrice aimée et préférée Claudia Cardelli.
Trois jours pour continuer mon exploration toute "scientifique" des chemins de la béatitude en expérimentant l'abandon aux richesses de la volupté... Et une occasion de vérifier à nouveau une donnée essentielle du bonheur : le plaisir, j'entends par là l'ensemble des sensations agréables ressenties localement dans une partie ou la totalité du corps, n'est pas absolument NECESSAIRE mais extrêmement FAVORABLE au bonheur. En effet, une joie dominante d'ordre purement spirituel suffit pour éprouver le sentiment de bonheur dans sa souveraine signification de "réjouissance globale d'exister" qui peut se manifester même en l'absence de plaisir corporel, voire en présence d'une douleur. C'est pourquoi la philosophie ou la spiritualité, c'est-à-dire l'éveil de la conscience à la vérité de l'être par la méditation, suffit à vivre dans le bonheur le plus haut : la béatitude. Par contre j'ai pu vérifier - avec quels délices ! - que l'intensification et la diversification des plaisirs corporels enrichit et approfondit vertigineusement la pleine satisfaction d'exister en offrant à la conscience des mondes de constellations sensorielles d'une incroyable richesse, voluptés tactiles, saveurs parfumées et autres enchantements visuels des formes et lumières colorées qui ajoutent à cette joie de fond une extraordinaire profondeur paradisiaque et stimule l'éveil de la conscience à l'éternelle joie d'être...
Le summum du week end a été atteint pour moi juste après une vivencia de massage, j'ai senti se déclencher un processus d'éveil énergétique dans mon ventre et je suis alors entré ou plutôt me suis laissé abandonner à un ravissement extatique de plus de deux heures d'immobilité vibrante, d'abord assis puis couché dans mon lit, deux heures de volupté absolue et de béatitude dans laquelle j'ai exploré les ondes énergétiques de lumière liquide danser dans toutes les parties de mon corps et bien au delà sans autre ressource que le jeu de la respiration et sans aucune intervention de la volonté personnelle. Plus de "je", plus de passé ni de futur, plus de "monde", de temps et d'espace, rien d'autre que le jeu de la vie qui s'éprouve divinement elle-même ! Conscience impersonnelle, et paradoxalement intensification de la conscience d'être "moi". La joie d'être soi, bien incarnée dans le plaisir de vivre dans ce corps sensible !
Deux remarques pour finir : l'élément essentiel de cet approfondissement voluptueux de la conscience d'être m'apparaît moins comme induit par la stimulation extérieure que par la totale relaxation intérieure qui m'a permis une libération de tout stress, une élimination de toute tension, jusqu'à parvenir à une réceptivité ultrasensible et une sorte d'hyperpoétisation de toute sensation, toute condition pour s'abandonner à l'éveil de la sensualité interne avec une intensité insoupçonnable dans l'état de conscience ordinaire tout occupée à gérer le monde des émotions, des images et des idées...
Deuxième remarque, ce bonheur sensible est tout aussi gratuit, abondant, facile d'accès et infiniment riche que le bonheur spirituel, pour ne rien dire des autres bonheurs (créatifs, relationnels...) Rien à faire, dans tous les cas... Rien d'autre que le laisser "être-conscience"... Démultiplié ici par la joie du partage avec une vingtaine de joyeux amis franco-italiens et la beauté de la campagne toscane, la lumière du soleil et la tendresse de l'eau chaude de notre belle piscine intérieure...
Merci à la vie pour cette nouvelle expérimentation macariotique et à ma Claudia pour sa généreuse et magnifique facilitation toute en douceur et poésie.
vendredi 26 mars 2010
poétique de la joie
Quelques aphorismes tirés de "Emerveillements" ma "poétique de la joie"
Le bonheur est la joie extraordinaire de savourer les joies ordinaires
Si on remerciait la vie pour toutes les joies qu'elle nous offre, il ne nous resterait plus de temps pour nous plaindre
A chaque jour suffit sa joie
La dépression est le naufrage du désir dans l'océan de la tristesse, il ne peut trouver l'île de la joie que dans la baie de l'amour
Le désir, c'est de la joie qui se recueille
Décision du ministre de l'éducation mondiale : "pendant un an les élèves du monde entier partent en vacances dans tous les pays pour avoir la joie d'apprendre l'humanité et pendant ce temps on éduque tous les professeurs du monde à enseigner l'art de la joie dans la joie."
La joie dépend de qui je suis et non de ce qui m'arrive
La seule motivation légitime du travail est la joie de donner de la joie. Il devrait donc n'être autorisé que comme bénévolat, comme pure générosité.
Aucune joie ne demeure... Quelle joie !
Rien à faire pour être dans la joie. Seulement être ouvert et réceptif.
La joie est gratuite et inépuisable
Tout le monde cherche le bonheur, alors que seule la joie existe, et c'est parce qu'on le cherche qu'on la perd
La joie est l'évasion hors du temps dans l'éternité du présent
La sagesse est l'art de transformer chaque instant de vie en source de joie
Seule la joie suffit
L'éveil est la joie d'être conscient de la joie d'être conscient
mardi 23 mars 2010
Comment être heureux malgré le mal ?
Pourquoi Dieu a-t-il créé le mal ? A cette question classique, Spinoza et l'ensemble des sages répondent tranquillement qu'une telle question est absurde parce qu'il n'existe ni bien ni mal dans la réalité. Tout est parfait : le réel ne peut être autrement que comme il est, c'est-à-dire tel que Dieu, c'est-à-dire la nature, le fait exister à chaque instant, et c'est nous qui portons un jugement de "bien" quand nous éprouvons de la joie à percevoir un évènement, ou de "mal" quand nous ressentons de la tristesse. Bref, le bien et le mal sont des idées inadéquates, il n'existe que du bon et du mauvais, variable selon chacun... Or nous cherchons nécessairement ce que nous pensons être bon, à tout instant. Et ce que nous cherchons nécessairement, c'est le bonheur... Où le trouver, si il n'existe ni bien ni mal dans la réalité?
Il n'y a qu'une réponse, et c'est celle de tous les sages, négligées par tous les fous : le bonheur ne peut se trouver qu'à l'intérieur de nous. Le bonheur n'est pas à chercher dans ce qui arrive de bien ou de mal à l'extérieur, car tout arrive comme cela arrive, nécessairement, d'une manière qui ne dépend pas de nous, mais en cultivant une attitude de joie et de paix intérieure dans notre attitude face à la vie quoiqu'il arrive de "bien" ou de "mal" dans le monde. Cela s'appelle la vertu, la sagesse, la liberté, ou encore l'humour, comme l'exprime ici avec simplicité un de mes sages préférés, le banquier Ramesh Balsekar, qui nous a quitté en février et que j'ai de la joie à partager.
lundi 22 mars 2010
Le bonheur sans effort
Paroles de sagesse :
"Le bonheur ne se trouve pas
avec beaucoup d'effort et de volonté
mais réside là, tout près,
dans la détente et l'abandon.
Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à faire.
Tout ce qui s'élève dans l'esprit
n'a aucune importance
parce que n'a aucune réalité.
Ne t'y attache pas.
Ne te juge pas.
Laisse le jeu se faire tout seul,
s'elever et retomber, sans rien changer,
et tout s'évanouit et recommence à nouveau, sans cesse.
Seule cette recherche du bonheur nous empeche de le voir.
C'est comme un arc-en-ciel
qu'on poursuit, sans jamais le rattraper
Parce qu'il n'existe pas, qu'il a toujours été là
et t'accompagne à chaque instant.
Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises,
elles sont comme des arc-en-ciel.
A vouloir l'insaisissable, on s'épuise en vain.
Dès lors qu'on relache cette saisie,
l'espace est là, ouvert, hospitalier et confortable.
Alors profites-en. Tout est à toi, déja. Ne cherches plus.
Ne va pas chercher dans la jungle inextricable l'éléphant
qui est tranquillement à la maison.
Rien à faire
Rien à forcer
Rien à vouloir,
Et tout se fait tout seul.
Guendune Rinpoché
vendredi 19 mars 2010
L'essence du bonheur
Méditant sur la plage vers quinze heure face à la mer pour me ressourcer après ma dernière conférence à l'université inter âge sur le thème de la fraternité dans la sagesse politique , alors que je sentais mon visage caressé par la fraîcheur du vent et les rayons du soleil, que mes oreilles étaient remplies par le chant des vagues et les cris des enfants, l'esprit totalement en paix, le corps merveilleusement détendu, en harmonie avec le cosmos, au centre du monde, au sein de l'éternité, je me suis mis à observer avec délice et émerveillement l'approfondissement de mon sentiment de bonheur jusqu'à son point de perfection ultime et senti à nouveau monter en moi la question clé de la macariologie : quelle est l'essence du bonheur? Ou plutôt, pour être précis en cette matière de haute science métaphysique, j'ai entendu mon esprit se poser à lui-même la question : quelle est ton essence, bonheur ?
Une fois de plus, le bonheur a donné la même réponse. "Je suis la joie. Rien d'autre que la joie". Quelle joie ? lui a demandé mon esprit, toujours amateur de précision. Le bonheur s'est mis à rire de sa stupidité. "Comment ça quelle joie ? Tu sais bien qu'il n'existe qu'une joie ! Tu peux m'appeler autrement, si ça te chante. Sérénité, enthousiasme, allégresse, félicité. Tu peux même m'associer à tout ce que tu veux. La joie d'être. La joie d'aimer. La joie de la conscience. La joie de la connaissance. La joie d'agir. La joie de créer. La joie de sentir. La joie du monde. La joie d'être ce caillou ou cette vague. Je suis toujours le même : la joie." Puis il a demandé à mon esprit de le laisser tranquille avec ses questions stupides et celui ci a eu la sagesse de ne pas insister. Le questionnement a cessé et le bonheur a pu continuer à se savourer lui-même d'être la beauté de la mer, l'immensité du ciel, le chant des oiseaux, les sensations de chaleur, les caresses du vent, les odeurs du rivage, les cris des enfants, la douceur de la respiration et toutes les choses et pensées qui passaient, comme autant de sources de son unique joie d'exister. Je confirme donc l'axiome de base de la macariologie : l'essence du bonheur est bien la joie. Et la joie, quelle est son essence ? Nul besoin de chercher: l'essence de la joie, c'est la joie.
mercredi 17 mars 2010
Invitation à la béatitude
C'est en faisant mon ménage, aujourd'hui, et plus exactement ma vaisselle, les mains sous l'eau chaude, qu'à exactement midi, à l'heure de l'ombre la plus courte, invité par la merveilleuse sensation de l'eau, de la chaleur de l'eau, de la présence de l'élément primordial de pure tendresse infinie qui enveloppait d'un torrent d'étoiles filantes mes doigts sensibles alors qu'ils s'appliquaient surhumainement à nettoyer religieusement mes verres de cristal et mes assiettes de terre cuite sur une musique ensoleillée de Mozart, alors que mes fenêtres étaient ouvertes sur le chant des vagues et que le vent s'engouffrait par malice dans le savoureux satin soyeux de mes plantes vertes, c'est à ce moment précis et impitoyable d'éternité de totale vacance de mon esprit que je suis entré soudainement, comme toujours, par effraction dans l'état merveilleux de l'Eden, le sentiment de béatitude, et je n'en suis pas sorti de la journée... Il est à présent 20 h, et maintenant que la lumière du jour est partie, le temps est venu de sortir de l'enchantement silencieux et musical de ma danse du printemps pour venir chanter sur mon blog chéri le chant de la nuit que la fée internet amènera là où le vent souffle, comme il veut, toujours comme il veut, pour que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent...
Huit heures ininterrompues de béatitude, c'est-à-dire de bonheur éternel, c'est-à-dire de joie intemporelle, c'est-à-dire de vie libérée de la notion du temps, de l'avant et de l'après, totalement présent au miracle pur d'exister, dans un émerveillement absolu de vivre intensément le merveilleux du relatif que rien ne peut ternir, car cet état de béatitude, qui n'est ni un état ni un sentiment, est encore souverainement présent au moment béni où je pianote sur mon clavier ravi pour partager ce paradis avec qui veut, dans le silence assourdissant de cette nuit étoilée enceinte du jour prochain. Pure poésie d'être, pure amitié pour tous les êtres, pure célébration de tout ce qui est, et pendant ces huit heures passées dans mon petit appartement paradisiaque, pour l'essentiel consacrées à faire le ménage, à prendre soin de mes plantes, vider mes placards et me laisser m'inspirer sur mon prochain divin labeur créateur de professeur de bonheur, la vivencia que je vais offrir demain soir à mon groupe de Biodanza pour fêter l'arrivée du printemps et la cinquième conférence sur la sagesse politique que je vais donner vendredi matin pour finir l'année à l'université inter âge, j'ai d'abord et surtout voyagé avec délice et splendeur dans l'univers entier, dansant sur toutes les musique du monde, communiant avec les plus grands esprits de l'univers, faisant une ronde endiablée avec Rimbaud, Spinoza, Ma Ananda Moyi, Einstein, Isadora Duncan, Geronimo et Rolando Toro, dansant le Sirtaki avec Bouddha et Lao Tseu, marchant main dans la main sur un dixieland avec le Christ et Nietzsche, ce qui ne m'a pas empêché d'échanger quelques mots au téléphone avec Carole et André mes amis de coeur du moment, de chanter eu sei che vou te amar avec ma guitare par téléphone à Carole pour alléger sa journée de déménagement, d'éclater de rire face au déferlement poétique d'André me demandant si "cela me grise de tordre un rendez vous pour manger ensemble demain", d'échanger sur skype des mots paternels avec Vanille ma fille sacrée pour l'inviter à passer un week end de rituel de printemps avec moi à la montagne, puis avec Claudia mon amoureuse sacrée toute bouleversée de sa vivencia miraculeuse à Florence avec des handicapés mentaux, ni d'échanger quelques mails avec mes nouveaux amis du Happylab de Paris, d'écrire à Robert Misrahi que j'ai eu la joie de rencontrer à Aix il y a quelques jours, et de passer et repasser plusieurs fois de longues minutes d'éternité à contempler l'infinie puissance de la vie au sein de la danse des vagues de la mer méditerranée la bien nommée, depuis mon canapé sacré, sur les musiques les plus sublimes du monde, en lien de coeur avec l'humanité entière, par delà bien et mal, par delà les peurs et les tristesses, dans une joie continue, la joie d'être, qui donne sens à tout, qui éclaire de sens tout ce qui arrive, sans rien attendre, pure gratitude, pure célébration de l'un, pure sérénité et pur enthousiasme, pur laisser être de tout ce qui arrive, sans distinction aucune entre un dedans et un dehors, pure immanence de la transcendance, pure jubilation par laquelle Dieu s'aime lui même d'un amour infini, comme l'a si bien compris Spinoza, dans la saveur de chaque sensation, la splendeur de chaque forme, la beauté absolue de chaque mouvement, la précision de chaque concept, la parfaite présence s'autocélébrant de chaque modalité de l'être, la verdeur du vert, la circularité du cercle, la vol d'hirondellité du vol d'hirondelle, la minorité souriante d'après midi d'automne dans les sous bois d'une forêt de chênes de l'accord mineur sixième septième majeur plaqué sur mon piano à la fin d'une improvisation sur un thème de Ravel explosé par le feu de Coltrane mais tendrement bordé de Satie, bref, sur l'édenité de chaque manifestation de l'Eden, et ainsi de suite pour l'infinie variété de ce mystère dont rien n'est caché et qu'on appelle pudiquement le monde. En ai-je trop dit ? Ou pas assez?
Qui comprendra que sagesse, mystique, poésie, musique, danse, art, philosophie, spiritualité, jeu, culture, vie, amour, bonheur et quotidien sont tous des synonymes?
C'est ce que je vous invite à découvrir lors de notre prochain jeu "qui veut gagner des millions", millions d'Eden s'entend, chaque jour, gratuitement, sans avoir rien à faire qu'être soi, présent, créatif, sensible, sans peur, ouvert et frais comme un nouveau né sortant de l'oeuf, bon à rien de vicieux, certes, mais prêt à tous les bonheurs, par tous les sens vertueux, pourvu qu'ils soient éternels et partageables avec tous ! Qui veut rejoindre l'Eden? Qui veut entrer dans la danse du HappyNow?
mardi 16 mars 2010
Le bonheur est-il naturel à l'homme?
Corrigé d'une dissertation concoctée pour mes élèves bien aimés de lycée, bien rationnelle et pédagogique comme il se doit dans le fond, bien maladroite et adolescente dans la forme, (avec des maladresses de style et des fotes d'ortografes à rectifier par leurs soins) pour connaître l'in-fini bonheur d'apprendre à penser ensemble et éventuellement les aider à obtenir un bac, accessoire très utile parfois pour laver son linge au soleil par temps orageux :
« Heureux comme un bébé »… L’expression est courante, et semble fondée sur le roc de la certitude la plus inébranlable, (même pour les plus branleurs d'entre nous, et Dieu sait que certains le sont dans cette classe, avec bravoure et panache) : le sourire béat d’un nourrisson qui s’endort après avoir tété sa mère n’est-il pas le signe que l’être humain n’a besoin de presque rien pour être heureux ? Mais comment comprendre alors que les hommes consacrent tant d’énergie toute leur vie à travailler pour atteindre une rare satisfaction? Mystère insoluble ! Le bonheur est-il facile ou difficile ? Enigme insondable ! La joie elle naturelle à l’homme, ou nécessite-t-elle, - vade Retro, Satanas ! - une construction, un effort, voire même une insensée création laborieuse ? Cette question ô combien lancinante, même pour les plus starlettes de la croisette nous invite à nous interroger en métaphysicien sur la nécessité - et même, soyons fou ! - sur la véritable valeur de la culture au regard de la nature. Bref, "à quoi ça sert que Ducroq il se décarcasse?", comme le rappelait avec son flegme habituel le fils de Platon dans une pub télé encore inédite sur You Tube?
La première idée lumineuse qui s’impose immédiatement à la douce moiteur printanière de mon obscur esprit naïf tel le jet d'eau honteux qui jaillit fièrement de l'arrosoir troué d'un pompier face à l'incendie de la colline est que le bonheur est naturel à l’homme. Oui, j'ose l'affirmer contre le sourcil tyrannique de tous les proviseurs en jupon de l'Occident (et Dieu sait que certaines ont le sourcil redoutable et redouté!) : le bonheur est naturel ! Nous n'avons pas besoin de travailler ! Vous voulez une argumentation ? La voici : si on appelle bonheur un état général de plaisir, une simple joie de vivre, il semble évident qu’un tel état puisse être atteint spontanément, puisque la majorité des enfants et même des adultes qui se laissent aller à vivre selon leurs instincts éprouvent quasi immédiatement et universellement cette jubilation. D’ailleurs, qui ne préfère les vacances au travail ? Même certains présidents de la république pourtant affamés de luxe ne dédaigneraient pas à la bagatelle, si on en croit le journal officiel d'ontologie présidentielle "Gala". C’est que - sagesse de nos rois philosophes - chacun sait dès le berceau que la vie est bonne par elle-même. « Comme la fraise a goût de fraise, la vie a goût de bonheur » affirme Alain, de son vrai nom Emile Chartier, n'ayons pas peur du ridicule. Le bonheur, le vrai, le bon, le "certifié conforme" par les expert de l'INSEE, semble en effet accompagner la perception du simple fait d’être en vie, de cette chance incroyable qui consiste simplement à exister, même pour le plus raté d'entre nous, à avoir un corps doué de tant de facultés dans un monde si riche à savourer. Passons une étude à des doctorants en sociologie, si possible boutonneux et diabétiques, pour vérifier cette assertion somme toute assez irréfléchie d'un pseudo intello . Regardons avec eux et sous leur contrôle d'enregistreurs objectifs des faits et gestes du monde social de simples enfants qui jouent ensemble (avec leurs papiers d'identité en règle, cela va de soi): ils semblent spontanément heureux, n'est-ce pas, jouant au chat et à la souris, au papa et à la maman, ou au docteur et à l'infirmière... dès lors bien sûr que leurs instituteurs, parents et autres éducateurs bienfaiteurs de l'humanité ne leur adressent des remontrances éventuellement accompagnées de généreuses torgnoles pour leur apprendre les bonnes manières... Si leurs besoins fondamentaux sont comblés, autant corporels que psychologiques et affectifs - sécurité, amour, liberté,- ils sont heureux ! Ne sont-ils, comme Rousseau l'avait lui-même observé scientifiquement chez son Emile imaginaire, de parfaits monuments de félicité ? Or la vie naturelle comble ces besoins ! Comme l’a montré le divin Epicure dans sa non moins divine et pourtant humaine lettre à Ménécée, il suffit d’avoir très peu, juste de quoi apaiser les douleurs du corps et combler les désirs naturels (de l'eau, de l'air, des fruits, des amis et un Iphone) pour que naisse très facilement dans notre âme un plaisir en repos qui est une pure satisfaction et nous fait nous sentir comblés comme des bébés après le marathon de New York de leur père. C’est donc apparemment une vie simple et naturelle dans une société en paix qui garantit le mieux le bonheur : une vie avec un minimum d’effort, de possessions et de soucis : exactement ce que les publicistes nous vante tous les jours pour notre plus grande satisfaction spirituelle ! C’est pourquoi nous devons suivre leur conseil et réfléchir chaque jour à éliminer avec une sagesse toute épicurienne tout ce qui peut compliquer et alourdir notre esprit par des faux besoins qui dépassent les limites de notre nature : pouvoir, luxe, connaissances… Gardons quand même quelques Rolex, pour montrer qu'on a réussi !
Nous pourrions certes objecter ici avec le danseur de la vie Frédéric Nietzsche ou même avec celui qu'il appelait "le plus rabougri des estropiés de l'esprit" son ennemi juré le militaire des nuées Emmanuel Kant, qu’il faut pour parvenir à l'ataraxie, le "plaisir en repos" de l'âme, savoir raisonner, et que donc l’émergence de la raison et la création de l’amitié nécessite une éducation de l’esprit... Et que par conséquent le bonheur ne peut exister que dans une culture ! Au cachot Rousseau ! Mais précisément, nous dit Epicure, du moins si on prend le temps de bien le lire avant que le film ne commence, raisonner est ce qu’il y a de plus naturel pour l’homme… En effet, la capacité de distinguer entre le vrai et le faux par la pensée n’est pas différente, Descartes l'a bien vu, lui aussi légionnaire, et même son adversaire Spinoza, polisseur de lentilles, la raison donc, est, du moins dans son principe, exactement aussi naturelle et spontanée en nous que la capacité à distinguer le plaisir et la souffrance par le corps… Autrement dit, notre corps et notre âme savent naturellement distinguer entre les biens et les maux, entre ce qu’il faut rechercher et ce qu’il faut éviter. L'éthique est donc naturelle, comme la logique! Nul besoin d'apprentissage pour faire la différence entre un cercle et un triangle, un saint et un salaud, un dribble de Ronaldinho et celui de Kader ! C’est d’ailleurs le rôle qu’Epicure assigne à toute la philosophie: « un discours qui par des discours et des raisonnements nous procure la vie heureuse ». Pourquoi ? Parce qu'elle nous invite à revenir à la nature, c'est-à-dire l'évidence de ce qui apparait à nos sens ! Pour Epicure comme pour Socrate, mon poisson rouge, les raisonnements sont naturels comme l'est le sentiemnt le bonheur : les discours philosophiques ont pour seul but de nous libérer de nos opinions culturelles et de nous faire vivre selon la vérité universelle de la nature. Dans quel but, mon cher Zidane? Pour éprouver un plaisir spontané, mon cher Ronaldo, un plaisir sensible et pur dont le principe est « la satisfaction du ventre » et la plus haute expression l’amitié entre les hommes. Fichtre ! Mon idée infantile ne serait donc pas si saugrenue ?
Mais alors, à quoi bon la culture ? N’a-t-elle aucune fonction essentielle dans la création du bonheur ? Faut-il considérer que l’ensemble des arts, des techniques et des sciences n’apporte rien d’essentiel à l’homme? Si il est possible d’atteindre un état de plénitude joyeuse avec peu de culture, comme on le voit chez les jeunes enfants et les vieilles tribus, il faut bien admettre que le bonheur enfantin demeure fragile, dépendant des adultes (et pour les tribus, du bon vouloir des armées de bienfaiteurs génocideurs). Et finalement ce bonheur "naturel" semble, sinon superficiel, du moins bien fragile en regard de celui que peut trouver un adulte élevé au sein d’une culture "évoluée". Qu’est-ce qui caractérise donc le bonheur des adultes cultivés par rapport à celui des enfants incultes ? En quel sens le bonheur passe-t-il par une activité culturelle, voire même (soyons toujours fou!) une construction spirituelle?
La culture apporte en fait de nombreux caractères assez avantageux, même pour les plus conservateurs des australopithèques, par rapport aux bonheurs de la vie sauvage. D’abord une solidité. Notre capacité à combler nos besoins est en effet d’autant plus grande que nous possédons de l’intelligence, des connaissances et des compétences. C'est là l'essence même de la technique : nous rendre plus forts qu'à l'état de nature. C'est quand même plus facile de se couper une tranche de saucisson avec un Opinel Gucci dans un concorde à Mach 2 qu'avec les mains et les dents dans une caverne sans climatisation de l'Aveyron. Ce que donne la culture par rapport à la nature, c’est de l’autonomie et donc de la puissance pour réaliser nos désirs ! Célébrons le progrès ! Il est plus facile d’être heureux dans une société prospère et harmonieuse que tout seul dans la jungle (surtout quand les gorilles veulent vos femmes et qu'on a eu la flemme d'apprendre le judo.) A part cet aspect très matérialiste, il faut l'avouer, la culture apporte également de la profondeur au bonheur. De la profondeur, et de la saveur, osons le mot... Par la grâce de nos sublimes professeurs de bonheur que sont les instituteurs et surtout institutrices de nos écoles de vie et de sagesse que sont les établissements de l'éducation nationale, nos délicates facultés humaines s’étendent prodigieusement, du moins lorsqu’elles sont véritablement éduquées, au sens étymologique de ce terme. Faire sortir de... De quoi, au fait ? De la médiocrité, bien sûr, c'est-à-dire de la... nature... L'infâme nature... Ou la délicieuse nature ? La sensation agréable de bien-être corporel que nous partageons sans doute avec les animaux ("même les requins et les araignées?", oui, grand mère, mais seulement les plus gentils...), ces sensations de plaisir innocent qui viennent de la simple et bestiale satisfaction de nos besoins animaux s’enrichit alors d’une infinité de joies esthétiques, intellectuelles, sociales et symboliques qui fondent un bonheur très différent de celui du tout jeune enfant (et de la bête, immonde ou pas). La pratique des jeux, des sports et des arts, le développement du goût, la compréhension du monde et l’enrichissement spirituel qu’apporte les sciences et la philosophie demandent une culture de l’esprit que la seule vie naturelle ne peut produire sans un certain travail, sans un effort méthodique, une discipline… Le chapitre de la sexualité suffirait ici amplement à argumenter dans ce domaine, mais c'est une discipline exclusivement pratique que je renonce ici à explorer pour de strictes raisons de budget universitaire. D’autre part, et ce sera mon dernier argument quasi métaphysique pour rehausser un peu le niveau de cette inqualifiable perdition dans les bas fonds d'une sensualité inavouable, il faut enfin évoquer, avec le rictus faussement allègre digne d'un journaliste philosophe à France Culture et néanmoins beau gosse, ce fait, certes non romantique, mais néanmoins attesté par toute poissonnière qui se respecte, que la culture est absolument nécessaire pour que la conscience puisse assez se développer pour parvenir à donner une signification de «bonheur » à la simple joie de vivre animale. Comme l'a montré le grand phénoménologue Husserl (et s'il ne l'a pas fait, il aurait du le faire), le bonheur n’est pas un simple sentiment naturel de bien-être corporel. C’est toujours le résultat d’un acte de pensée par lequel une personne reconnaît que sa vie est satisfaisante. Qu’est-ce en fait que le bonheur ? Il serait enfin temps de poser la question, avant que le film ne commence vraiment à la télé! Ce n’est pas qu’une sensation physique. Tous les physiciens quantiques vous le diront. Le bonheur est une joie spirituelle, une joie de la conscience qui repose sur la compréhension du sens de notre vie. Il nécessite donc bien, sinon un doctorat en astrophysique, du moins une culture suffisante de toutes nos facultés physiques, affectives et intellectuelles, en tout cas au moins assez pour savourer un coucher de soleil sur la musique de "stranger in the night" chanté par un sosie de Rika Zarai. Plus on est cultivé, plus notre bonheur est riche, savoureux, intense… Que l’on songe simplement aux infinis bonheurs que donnent la lecture des meilleurs livres (les aventures de Oui Oui...), l’audition des plus belles musiques (la pub des "rillettes du Mans") ou la dégustation des meilleurs plats (la ratatouille de ma grand mère, mangée sur le ventre de ma voisine de palier)… Les arguments sont ici innombrables : les grands bonheurs ne sont pas naturels, mais culturels ! Ajoutons un détail, que me souffle mon petit frère qui revient de son cours d'éducation sexuelle, et il n'a que cinq ans : "Le plus grand bonheur est de sentir qu’on a réussi sa vie." Besoin d'expliciter ? Je ne ferai pas cet affront à un improbable lecteur, car le film a déjà commencé...
Reste un détail d’importance, toujours oublié, hélas, par les citoyens, sinon par les philosophes : le détail politique... Avouons-le, il est assez difficile d’être heureux dans une société où on nous torture parce qu'on a les cheveux trop longs, ou bien trop courts... Une société n'est heureuse que si elle nous offre de vivre en paix, en sécurité, avec un minimum de justice (un minimum, ne rêvons quand même pas trop: pas trop long ni trop court, les cheveux...)Devenons enfin sérieux, pour un sujet qui devient soudain grave : le bonheur de chacun dépend essentiellement de la qualité des relations qu’il entretient avec ceux qui l’entourent. C'est pour cela qu'il vaut mieux être libre dans un pays juste qu'enfermé dans le cachot sombre et humide d'une dictature dont je tairais pudiquement le nom (surtout que la nourriture y est assez peu digeste, et qu'on risque de se retrouver avec Rousseau, ce qui serait insupportable). On peut même pousser l'audace révolutionnaire en allant jusqu'à suggérer que la condition fondamentale du bonheur réside dans la capacité à vivre en bonne entente avec autrui. Si nous avions bu un peu, nous oserions peut-être prononcer le mot "amour", mais contentons-nous de celui d'amitié, le seul accepté par le jury du baccalauréat avant la prochaine révolution culturelle de mai 2068. or de quoi dépend la capacité à l'amitié, soit en gros à éviter les conflits et la violence avec ses voisins de palier? De la culture ! Bingo ! L'amitié n’est pas une capacité innée : l’aptitude à dialoguer et à établir des contrats qui fonde l’art politique doit être apprise ! Elle demande même tout un travail, comme une conquête héroïque sans cesse renouvelée, surtout à deux heures du matin quand on veut dormir et que l'autre glandu du 5eme fête la victoire de l'OM sur le PSG avec ses copines du lycée. Le bonheur demande donc aussi une activité politique, et donc culturelle, mon cher, mais oui, culturelle, avec un grand CUL, ce qui est certes dans la nature de l’homme, comme disait la tante d'Aristote, mais qui n’est pas naturelle, comme disait le fils naturel d'Heidegger : impossible d’être heureux à l’homme sans apprendre à vivre avec les autres par le moyen de lois et d’institutions qui garantissent sa paix tout autant que sa liberté. Socrate l'avait déjà dit, mais ça fait du bien de le redire, au risque de devoir boire à nouveau la cigüe !
Finalement, après cette exploration burlesque de l'éthique échevelée du rapport nature/culture, après ces critiques bien inoffensives de l'idéologie répressive de l'instinct naturiste, nous pouvons voir avec l'étonnement d'un Picasso face aux fesses facétieuses de Farrah Facet que nos élucubrations précisent mais n’invalident pas notre première thèse, qui sort finalement vaincrice du tournoi des cinq notions: le bonheur est bien naturel à l’homme.. Mais, car il y a toujours un mai pour que le printemps fasse place à l'été et le travail aux vacances, la nature de l’homme est précisément d’être un animal culturel ! Donc doué de conscience et de raison! Donc œuvre de l'éducation ! Donc voué aux délices de la créativité et de l'effort glorieux pour assouvir sans fin les désirs infinis qu’il choisit librement de satisfaire au-delà de ses purs besoins biologiques... Tout le monde a raison, les naturalistes comme les culturalistes, et nous pouvons festoyer à présent autour d'un bon banquet, pourvu qu'Assurancetourix nous épargne les oreilles et que les danseuses du ventre épargnent nos yeux sensibles. Et l'homme dans tout ça ? N'est-ce pas lui, le grand vainqueur? Car c'est sa liberté, sa liberté chérie, comme dirait Serge, non contre, mais en approbation de la nécessité de la NATURE, qui lui permet finalement de savourer son bonheur... Bonheur de supprimer impitoyablement dans une GRANDE CULTURE toute souffrance pathétique, et de prolonger le pur plaisir de vivre (sensation) en une myriade de joies rattachées à la mémoire de son histoire et l’anticipation de son futur (sentiment), jusqu'à recueillir le tout dans une compréhension qui lui permet d’avoir le bonheur de se dire : « je suis pleinement satisfait » (signification).
Trêves de baliverne : tout cela est bien beau, mais si le bonheur est si évidemment culturellement naturel à l’homme, comment comprendre que tant d’adultes cultivés soient tellement moins heureux que la plupart des enfants, du moins dans notre civilisation ? C’est que l’homme moderne à oublié la nature, répète Epicure, ou trop peu développé sa raison, comme le ressasse Spinoza. Il court après un bonheur illusoire qui place dans la satisfaction de désirs non naturels qui engendrent manque, souffrance, déprime et violence… Si la culture est bien nécessaire au développement du bonheur, c’est à condition de ne pas être décadente, répressive de la vie et de ses besoins, ce qu’on voit trop souvent dans le monde contemporain qui idolâtre la puissance économique et technique au détriment des valeurs du vivant. Bergson a peut être raison : ce serait pas mal d'aller philosopher avec les loutres et les papillons, ils en savent peut être plus long sur le bonheur que nos profs d'université ? L’éthique demande peut-être moins une culture qu’une sagesse, n'ayons pas peur de le dire, une sagesse vitale qui ne s'apprend pas dans les livres, mais dans les lits de la vie, pour préserver la joie de vivre cet instant d'amour et de poésie (tu es si beau!), en satisfaisant d’abord nos désirs nécessaires, au premier rang desquels celui de l’amitié avec nos proches et si possible nos lointains.
Nous pouvons ainsi conclure que le bonheur est naturel à l’homme s’il a la sagesse de développer sa culture dans le respect de la nature. L’homme antique le savait. L’homme moderne l’a oublié. L’homme actuel - et la femme ! - s’en souviendront-ils?
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