jeudi 15 avril 2010

Eveil et Bonheur



Une heure de méditation tranquille sur mon lieu de travail préféré (la plage au soleil face à la mer) sans aucun but et à nouveau des moments de sortie de la pensée et d'accès au silence de la pleine présence, pleine conscience, pleine béatitude... Je réalise très clairement à présent qu'il faut sans l'ombre d'un doute bien distinguer deux types de "bonheurs" a priori très semblables et en réalité très différents : celui qui est ressenti par la conscience dans son état dit "ordinaire" de sujet pensant et agissant dans le monde, et celui ressenti par la conscience dans son état dit "éveillé" à sa vraie nature "non duelle" (sans sentiment de séparation). Les deux méritent d'être appelés "bonheur" par le fait que dans les deux cas la conscience se sent pleinement satisfaite de ce qu'elle est en train de vivre et il n'y a pas de supériorité de l'un sur l'autre. Sur le plan affectif, il s'agit du même sentiment de base : une joie assez grande pour contenter l'esprit. Le second, généralement appelé félicité ou béatitude, se distingue pourtant radicalement du premier par plusieurs caractères et se présente en fait comme ayant apparemment infiniment plus de valeur :
- Le bonheur-béatitude est absolu, alors que le bonheur ordinaire est relatif.
- Il est intemporel, alors que le premier est temporel.
- Il est impersonnel, alors que le premier est personnel
- Il est indéterminé, sans cause, alors que le premier est déterminé par des causes.
- Il est toujours et facilement accessible, alors que le premier est difficile d'accès et fragile
- Il est infini, alors que le premier est fini
- Il ne s'accompagne d'aucune pensée, il est pure conscience du réel, alors que le premier est lié à des pensées qui viennent entraver la conscience du réel
- Il est pur, simple, évident, alors que le premier est mélangé, complexe, mystérieux.
- Il est identique au sentiment de liberté, alors que le premier s'en distingue
- Il est indicible, alors que le premier est descriptible
- Il est inexplicable, alors que le premier est explicable
- Il est non duel (plus d'existence d'un sujet et d'objets distincts), alors que le premier est duel (le sujet se sent distinct du monde des objets)
- Il s'accompagne d'émerveillement, gratitude, enthousiasme, amour, étonnement total, alors que le premier peut n'éprouver que partiellement ces tonalités affectives.
- Il ne demande aucun effort, seulement un laisser être, un lâcher prise, un non agir, une non pensée, une détente, une attention, alors que le premier demande un effort, une réussite, une action, une pensée réflexive, une concentration, une tension.
- Il est pure aperception, sans opération mentale, alors que le premier est perceptif, lié à la mémoire et à l'imagination
- Il est pure poésie, alors que le premier est prosaïque
- Il est divin et sacré, alors que le premier est humain et profane.
- Il n'est rien de spécial, étant la conscience de notre vraie nature "parfaite telle qu'elle est", alors que le premier semble extraordinaire, étant liée à la satisfaction apparemment assez miraculeuse de nos désirs dans un monde souvent perçu comme hostile.

à part ça, aucune différence !

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