vendredi 11 mai 2012
La joie d'être érotique
Le chemin vers la béatitude ne commence pas par le bonheur, ni même par la joie. Il commence par le plaisir.
Dans le moindre plaisir, pour peu qu'il soit pur, la béatitude toute entière peut s'illuminer en univers d'étoiles comme il suffit d'une étincelle pour allumer, si le vent est bon et que la forêt est sèche, le plus formidable des incendies.
L'art de transformer le plaisir en béatitude porte un nom et un seul, l'érotisme.
Quelle joie que d'être érotique !
Par la force d'un regard, une subtile caresse, par un geste élégant d'une main à la douceur enflammée, par un mot chuchoté dans le satin d'une oreille, une image évoquée d'un paradis promis, par un frémissant baiser sur le bord d'une lèvre, par l'intensité d'un pas et la lumière d'un sourire, par le rêve d'une promenade sous le clair d'une lune, par la grâce d'un rire et le miracle d'un matin, par une poigne bien pleine et une voix de bois brut, par la profondeur d'une présence et la fermeté d'un coeur, par l'audace d'une conquête et l'innocence d'un lion, par le frôlement d'un sein et la danse d'une langue, par les mille stimulations du désir, l'érotisme est invitation à l'amour. Il n'a qu'une vocation : entretenir l'étincelle du plaisir naissant, pour que s'enflamme sans cesse le bonheur poétique du désir réalisé demeuré désir et que s'envolent à travers le monde tous les vents étoilés de l'amour.
Ah, Dionysos, mon ami, mon frère, qu'il faut du temps à Thésée pour vaincre le minotaure ! Qu'il est complexe le labyrinthe des peurs dont le héros doit s'enfuir pour libérer Ariane de son ego de père et l'offrir enfin à ton pur et divin amour!
Et toi, Eros, mon ami, mon père, que tu es vif alors à inspirer à Psyché les travaux de son initiation! Car sans les épreuves de maturation passionnelle infligée par ta mère Aphrodite, ton âme ne peut séduire et ton art érotique reste infantile et aveugle, plaisirs superficiels sans horizon d'élévation. Tant que la peur demeure, tant que le minotaure est en vie, l'âme ne peut en aucune manière éprouver le moindre plaisir pur et Dionysos ne peut éveiller l'intensité du désir jusqu'aux feux de l'Olympe.
Aussi la joie d'être érotique demande comme condition essentielle la libération de la peur. Elle est d'abord la joie d'être amniotique, et c'est pourquoi le fil d'Ariane de l'amour ne peut être tissé que dans la tendresse. Plus le confiance est là, plus le corps s'abandonne et plus l'âme peut déployer l'énergie du Désir, et plus l'extase peut s'inviter aux noces de la vie.
Si l'érotisme est bien l'art de transformer le désir en amour et le profane en sacré, c'est dans l'alliance d'Ariane et de Dionysos qu'il faut le chercher. L'union de la raison et de l'instinct, de la sagesse et de la folie, de l'unité et de la multiplicité.
Tuons le minotaure pour ressusciter le taureau blanc et célébrons Dionysos pour qu'Ariane soit sauvée à jamais.
Pas de Shiva sans Shakti, et pas de Shakti sans Shiva.
La béatitude est la fille de la jouissance.
Vouons un culte au plaisir.
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