jeudi 3 janvier 2013

La joie d'être divin


Raccrochant mon téléphone après une joyeuse consultation philosophique consacrée à l'explication de quelques points cruciaux de l'Ethique de Spinoza à un sympathique agent d'assurance, j'ai été à nouveau spontanément submergé par la joie extraordinairement simple de la prise de conscience que je suis Dieu, que tout est parfait et que la réalité est merveilleusement parfaite telle qu'elle est. La dualité apparente créée par l'activité mentale de la conscience ordinaire s'est volatilisée et il n'est plus resté que la présence pure de la réalité dans toute sa magnificence dansante et une sérénité parfaite qui flottait dans l'air vibrant de cet après midi de pure disponibilité. L'éternité est alors souverainement apparue comme la dimension unique de la vie réelle et j'ai compris avec encore plus de clarté combien la pratique de la Joia permet tellement mieux et plus rapidement de faire l'expérience de la béatitude que la lecture des philosophes parce qu'elle stimule directement l'apparition des affects actifs, condition absolue de l'éveil de la conscience à sa divine condition. Ce n'est pas en lisant la définition des attributs qu'on peut saisir que ni la matière ni l'esprit n'existent en soi, qu'ils ne sont que des concepts. C'est en faisant l'expérience directe de la joie du "je suis ce qui est" avec la lumineuse clarté de son intuition directe hors de l'ego. La méditation extatique stimulée par la danse vivencielle des 4 éléments me semble aujourd'hui la voie royale vers la béatitude et je comprends pourquoi l'essence du Tantra est si difficile à saisir par la plupart de ceux qui s'y intéressent : comme Spinoza le Tantra ne fait que proposer des pratiques de retour à la non-dualité originaire quasi-impossible à penser par l'esprit habitué à tout penser par dualité. Tout le secret de la Joîa est de cesser de penser, de cesser de chercher à atteindre ou changer quoi que ce soit et de s'abandonner à l'expérience pure de "ce qui est" vécu comme un pur espace de plaisir, de liberté et de plénitude toujours déjà là. "Ce qui est" s'aperçoit alors qu'il n'est pas un sujet survivant dans un monde ou un esprit existant dans un corps. Il est l'être même de ce qui apparaît divinement tel que cela apparaît. Splendeur de la réalité ! Merveilles que cette table, cette plante, cette couleur, ce mouvement de la main ! C'est Dieu qui s'y voit ! Et ce regard divin qui se contemple lui-même dans les saveurs de la chair du monde, c'est moi ! Comment faire comprendre cela à ceux qui n'ont jamais fait l'expérience du "je suis"? Tâche impossible, et c'est pourquoi la Joîa n'est pas une philosophie à expliquer mais un art du bonheur, une technique d'extase et une religion de l'éveil à cette vérité absolument incroyable mais néanmoins évidente pour qui a des yeux pour voir et un corps pour danser : tout est Dieu ! Je suis tout ! Je suis absolument libre au sein de la nécessité absolue ! Que de mots complexes pour décrire la réalité absolument simple de "tout ce qui est"! Joie d'être indiciblement ce qui est ! Joie pour Dieu en moi d'aller se manger lui-même dans une banane ! Et joie surtout d'être Dieu en train de se danser lui-même...      

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