mercredi 30 janvier 2019
Et si Spinoza avait raison ?
Et si c'est Spinoza qui avait raison? Si le monde était bien tel qu'il le conçoit, divin par nature, sans créateur extérieur et sans but futur? Si l'homme était bien tel qu'il le décrit, naturellement parfait et dénué de tout libre arbitre? Si le bonheur était bien tel qu'il le démontre, une joie d'exister accessible à tous par le seul moyen de l'éveil de conscience? Si la démocratie était bien telle qu'il la pense, une association d'hommes libres n'admettant aucune autre autorité supérieure que leur volonté générale ? Si la philosophie était bien telle qu'il la pratique, un raisonnement purement intuitif qui permet à tous d'atteindre avec certitude la vérité, la liberté et la sagesse ?
Cela voudrait dire que tout ce que la quasi-totalité d'entre nous croyons au sujet du monde, de l'homme, du bonheur, de la démocratie et de la philosophie est pour l'essentiel erroné. Cela voudrait aussi dire que toute la civilisation occidentale égotique est fondée sur des illusions et qu'elle ne peut donc que s'écrouler face à l'épreuve du réel.
Nous pensons que le monde a été créé et qu'il évolue vers un but. C'est faux, explique Spinoza : le monde se crée lui-même à chaque moment sans autre but que d'éprouver la joie de s'auto-créer dans le grand jeu de la vie cosmique.
Nous pensons que l'homme est très imparfait, qu'il doit s'améliorer par rapport à son état de nature et qu'il possède une volonté dotée d'un libre arbitre qui le rend responsable de ses actes. C'est faux, affirme Spinoza. L'homme est naturellement parfait, quoiqu'il fasse, et personne ne décide d'aucune de ses pensées car tout ce qui arrive dans la nature arrive de manière nécessaire en obéissant à des lois éternelles, y compris les actions humaines, de la plus folle à la plus sage.
Nous pensons que le bonheur demande beaucoup de travail, d'actions, de possessions, de conditions, qu'il est quasiment impossible ou très difficile à atteindre, seulement réservé à une élite, et toujours fragile et incertain. C'est faux, démontre Spinoza. Le seul véritable bonheur est offert à tous gratuitement à tout moment avec aucun travail, sans conditions si ce n'est la libération de toutes les illusions qui nous empêchent de ressentir la paix et la joie permanentes d'être ce que nous sommes.
Nous pensons que la démocratie est le gouvernement d'une poignée d'élus sur le peuple pour faire régner un ordre supposé juste par la force. C'est faux ! La seule vraie démocratie est le gouvernement de tous par tous pour faire régner partout la vraie justice de conditions de vie heureuse pour tous sans que nul n'aie le droit d'utiliser la force pour aller contre la vraie liberté de ceux qui sont dirigés par la raison.
Nous pensons que la philosophie est une libre discussion dans laquelle chacun peut penser ce qu'il veut et adhérer à toutes les opinions possibles pourvu qu'il puisse les argumenter, mais dont aucune vérité absolue ne peut surgir. Faux et archi-faux ! La philosophie est la compréhension intuitive et universelle de la nature qui amène la sagesse en dépassant les opinions et les convictions des uns et des autres.
Comprendre cela comme des évidences permet de mesurer l'énorme révolution proposée par Spinoza il y a plus de 3 siècles et toujours à venir. Si Spinoza a raison, nous pouvons changer de politique, d'économie, d'éducation, de religion, de science, d'art et de morale pour les remettre dans le sens de la nature et de la vie.
Nous pouvons surtout nous éveiller individuellement à la merveille des merveilles : nous sommes Dieu qui s'amuse à se faire croire qu'il est un humain limité en jouant avec nous comme avec des marionnettes. Et enfin commencer à vivre pleinement, en assumant notre puissance créatrice divine de marionnettes éveillées à leur véritable nature. Bien agir et être dans la joie.
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